Le jeudi c’est jovial. Je ne dis pas cela parce que c’est la fin de la semaine. Figurez-vous que je dois me montrer délicat, courtois et motivé dans un univers où chaque mot posté sur le net est décrypté, analysé et interprété avec une terrible célérité. Notez au passage que j’accumule à l’excès les mots en « é ». Quelles sont les nouvelles du bord ? Le bateau tient le cap mais il y a des fuites partout. Journal du capitaine. Jeudi 09 janvier 2014. Les hommes sont à bout, les tempêtes successives les ont épuisés (encore un é). Hier nous avons accosté sur une île, il y avait des vahinés (Dieu ! un é de nouveau), elles dansaient, leur faisaient boire du lait de coco. Elles avaient des idées derrière la tête avec leurs yeux brillants et leur peau salée (encore du é). Mais, eux, ce sont effondrés (Grrrr) et elles furent fort dépitées. Plus tard, j’ai été (hum) saisi d’une mélancolie face à la mer. J’étais assis sur le sable. Loin des miens. C’était comme si on m’avait enlevé un bout de cœur. J’avais mal, très mal. J’avais besoin de leur chaleur. La nuit était tombée. Elle jetait sur l’eau des pépites d’agent. Le spectacle était plus magnifique qu’une quelconque toile de maître. Nous dûmes partir, nous voguons. Nous allons combattre des mers houleuses, derechef. C’est notre destin. Demain si ce livre reste vierge de tout mot, c’est que sans doute nous aurons été happés par le néant. Mais ne vous inquiétez pas, je serai là. Bien décidé à mener ce navire à bon port et de retrouver ceux que j’aime pour l’éternité (je finis par un mot en é). Ricardo SANTIAGO le 09 janvier 2014
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