L'histoire, page 8

Le lendemain, il est solitaire sur son île. Il ne pourra pas la voir pendant quelques jours. Elle est de nouveau avec son époux ? Concubin ? Compagnon ? Pour se changer les idées, il va retrouver sa mère qui fait un passage éclair à Paris. Il la rejoint dans son minuscule studio. Toujours vaillante et pleine d’énergie. Un pied ici et un pied dans le train prêt à partir pour Barcelone. Il est heureux de la voir épanouie après tant d’années de galères. La retraite, lui va bien. Elle parle sans discontinuer, il l’écoute, d’une oreille. Ils baguenaudent dans le quartier. Où est passé le marchand de couleurs ? C’est si joli ce nom, marchand de couleurs. Il vend des morceaux d’arc en ciel ? Puis il cherche la librairie où il achetait tant de bandes dessinées. Ce libraire qui lui faisait crédit. En fin de mois sa mère venait le régler. Quand même gentil de sa part. Tout a changé. Tout lui semble froid et distant. Il passe de longues heures avec elle. La journée achevée, il rentre chez lui. Il longe l’école où il a passé tant années. Que sont devenus ses copains ? Il les imagine heureux. Dans cet endroit, des dizaines d’origines se côtoyaient. Sans haine. Il avait souvent du mal à suivre. Il n’aimait pas l’école. La bouche de métro, il y pénètre et disparait. Foule. Lassitude. Sa mère part. Il va être seul avec cet amour emprisonné. A République, il croise une silhouette. Nora. Enfin c’est ce qu’il croit. Il s’approche rapidement. Elle est à quelques mètres de lui. Oui, c’est bien elle. Ricardo SANTIAGO le 8 janvier 2014