Le chasseur de nuages

LE CHASSEUR DE NUAGES

Mon bonheur est là-haut, toucher le soleil, sautiller d’étoile en étoile.

Lustrant la lune pour qu’elle brille comme un sou neuf.

Parfois, je me métamorphose en chasseur de nuages.

Combattant, sans fin, ces affreux monstres gris.

Les orages qui grondent, ne m'impressionnent guère.

Ma mission est harassante mais nonobstant passionnante !

Cependant, souvent, Je suis chagriné.

Pourquoi continuer dans l’ombre à jouter ?

Assombri, je jette mon regard sur votre monde fiévreux.

Dans ces moments d’interrogations, je parle à Dieu, « A quoi bon, Seigneur ? ».

« Vous avez prêché l’amour du prochain et c’est la haine qui règne au quotidien ».

« Pourquoi continuer ainsi à m’user alors que l’homme ne se respecte plus ? »

Le tout puissant m’a intimé l'ordre de vous rejoindre.

Afin, que je perçoive la raison de son pardon éternel.

A regret, j’ai quitté mon univers.

« Aimez-vous les uns, les autres. »

Sur terre, j’ai débuté ma quête.

Les premiers temps furent laborieux et cruels.

J’enjambais des indigents qui dormaient sur le sol, sans que nul ne s’en soucie.

Ballotté par des machines sans cœur, prêtes à vous écraser, j'évitais de choir.

Petit à petit, les flammes de cet enfer se sont dissipées.

Une fois puis deux, des mains saisirent d’autres mains.

Dans un coin, des couples s’enlaçaient.

Ailleurs, on sauvait des vies.

La ville dévoilait de flamboyants tableaux, des sculptures gracieuses sous des mélodies capiteuses.

Des flots d'émotions m’emportèrent encore plus loin.

Je comprenais, désormais !

Elle est apparue au moment où mon cerveau vacillait, mes certitudes s'envolaient.

Précieuse, elle promenait sa silhouette un peu altière.

Poussé par une étrange sensation, je l'abordais.

De quelles pulsions, étais-je le jouet ?

Quelles furent mes premiers mots ?

Les archanges n’ont pas de sexe, prétend la légende.

Pourtant mon sang bouillonnait, mon âme était suppliciée.

Je ne savais pas où me conduisait cette odyssée.

Cette créature m’a raconté ses souffrances, ses doutes, ses joies, ses peines.

Que pouvais-je bien lui répondre ?

Je l’écoutais des heures entières, fasciné par sa beauté énigmatique.

Investi d’un sentiment inconnu.

C’est au moment où elle posa ses lèvres sur les miennes, que j’ai compris.

Et aujourd’hui, je continue inlassablement mon job, plus motivé que jamais.

Je crois l’humanité !

Texte Copyright © 2015 Ricardo SANTIAGO