L’illusion de demain

Je suis un peu en retard, le lycée, la maison, la famille, à 17 ans ce n’est pas une vie, d’être ainsi aussi peu ménagé.

J’ai rendez-vous avec Marie, ma fiancée du moment.

Tout le monde me voit marié avec une vie bien rangée, Marie fait déjà partie de la famille.

Je suis pressé, hâte de la voir, besoin de me reposer sur son épaule, oublier le stress qui déjà m’étouffe.

Alors, qu’au fond ma vie commence.

J’ai des tas de rêves, un emploi fixe, où je m’épanouirais mais à dire vrai je ne sais pas lequel

Une grande maison avec deux ou trois enfants qui m’appelleraient papa.

Un délire dans ma tête, je n’affectionne pas notre époque, je traine des angoisses qui me paralysent.

Alors je m’évade, je dessine un avenir radieux et puis le soir je retrouve ma famille.

Sans eux, sans leur amour, je tomberai sans me relever j’en suis certain.

Mais ils sont présents, aimants, je n’ai pas à me plaindre.

Marie m’envoie un SMS, elle me demande où je suis, quand j’arrive.

Je suis dans le métro, debout avec un crétin qui me colle son sac à dos sur le nez.

Une besace imposante, que peut-elle bien contenir ?

Il parait nerveux, les gens nous bousculent, je regarde ma montre, les stations de métro, je songe à ma mère, mon père, pourquoi aussi soudainement ?

J’ai des images plein l’esprit de ma petite sœur que j’adore avec qui je joue à faire le fou.

Son rire d’enfant est rafraîchissant, il me transporte, j’adore quand elle me câline.

Un SMS de ma copine « Je t’aime ».

Je n’ai rien vu venir, le bruit fut assourdissant, c’était donc cela que ce salaud avait dans son sac.

Le wagon a été déchiré comme du papier, combien de morts ?

Cette odeur de mort, ces corps déchiquetés, ces membres arrachés dans une fumée étouffante.

Des hurlements, des pleurs, à cet instant je sais que jamais je ne les reverrai.

Je n’ai pas pu répondre à Marie que je l’aimais.

Protégé Copyright © 2015 Ricardo SANTIAGO