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AU BOUT DE LA VOIE FERREE

par chroniquesterriennes.over-blog.com 21 Avril 2016, 09:53

J'erre, abasourdi, étourdi, fourbu, sous des images vieillies.

Elle me suit constamment, elle l'a juré, jamais elle ne me quittera.

Aujourd'hui sous un ciel clément, je n'attends plus rien.

Combien de kilomètres ai-je parcourus ? Le paysage est différent.

Les maisons alignées ont fait place à une forêt impénétrable et mystérieuse.

Et, au bout d'un chemin de terre, cette voie ferrée où des herbes folles prospèrent.

Ton souffle sur ma nuque, je le perçois, tu m'accompagnes me rassurant.

Je m'aventure sur ce ruban de rouille et de bois pourri qui s'enfuit vers l'infini.

Dans ma poche, mon portable muet depuis des lustres, je le jette au loin.

Qui me regrettera ? Chacun vaque à ses occupations, chacun se fourvoie dans la frénésie.

Comme une peinture devant laquelle on demeure extatique, je te revois plaqué contre mon coeur.

Tes yeux brillent d'une intensité bouleversante, tu vas t'envoler, je te serre plus fort contre moi.

Je caresse tes cheveux, t'embrasse une dernière fois.

Ils sont témoins de notre adieu, n'osent pas nous déranger.

Puis, ce lourd silence et ces interminables heures à me lamenter.

J'ai versé toutes les larmes de mon corps , tenant ta main, ne voulant pas la lâcher.

Quel sinistre décor ! Ces rideaux de pluie, ces ultimes prières.

Allongé sur notre lit, alors que l'atmosphère était glaciale, je t'ai entendue.

Tu m'as confié des missions afin que je puisse m'en aller la tête haute.

Le son de ta voix, poupée de cristal, a réchauffé mon âme.

Quelques années durant, je fus un père aimant et un ami sincère.

En retour, je n'espérais rien.

Avant de m'éclipser, j'ai écrit quelques petits mots sur un papier immaculé.

D'une écriture tremblotante et maladroite, je leur ai dit "Je vous aime ".

Tout simplement.

J'ai fermé la porte à double tours, mes pas résonnaient sur le trottoir.

Quelques voisins m'ont salué au petit matin, les vieux font toujours pitié.

Quelles sont ces lucioles qui dansent dans les ténèbres ?

Subjugué, j'admire ce ballet, les feuillages frissonnent, je me sens léger.

Nulle douleur, désormais, j'ai vingt ans , je suis vigoureux, je revis.

Au bout, des rails une lueur qui m'aveugle, je me protège les yeux.

Quelqu'un dépose un baiser sur mes lèvres. C'est toi !

Un peu plus loin,  des silhouettes se profilent. 

Je sais qui vous êtes…

Ils frappent désespérément à la porte.

Après des mois sans se préoccuper de moi, ils se soucient, enfin...

Je les vois mais pas eux.

Je m'éloigne…..

Ta tête repose sur mon épaule, nous n'allons nous aimer pour l'éternité.

Texte ProtégéCopyright © 2015 Ricardo SANTIAGO

AU BOUT DE LA VOIE FERREE

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