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Entre deux maux

par chroniquesterriennes.over-blog.com 16 Avril 2016, 16:12

Un baiser furtif sur le quai de la gare.

La foule se presse, bouscule, piétine tel un troupeau de gnous affolé.

Le ciel se lamente sur une humanité qui a perdu ses repères, les trottoirs brillent et se reflète la ville à nos pieds.

Son épouse est entraînée dans les couloirs sombres du métro, lui préfère la luminosité du dehors, il s'engouffre dans un bus.

La dame aux yeux de Jade s'impatiente.

Elle jette un œil contrarié à sa montre, allongée, presque nue, son corps frissonnant en songeant à son amant.

Le paysage défile, il oublie ses brimades, savoure à l’avance des moments qu’il imagine torrides.

Les pavés sur lesquels claquent ses talons sont les témoins de passions passées, ses pas s’accélèrent son cœur bat de plus en plus fort.

On frappe à la porte, c’est lui !

Comme souvent, elle le gourmande puis l'embrasse tendrement, elle ne résiste pas longtemps à son regard de gamin.

L'incivilité, l'agace, les gens ne la laissent pas descendre du train.

Aujourd'hui, elle a de nouveau menti, elle ne va pas travailler.

Son mari n’en saura rien, elle va se perdre dans les bras d’un inconnu.

Depuis leur mariage, elle collectionne les soupirants, c’est pour elle comme une addiction.

Combien d’hommes a-t-telle comblés ? Trop sans doute.

Parfois, elle se sent Souillée mais impossible de s’arrêter.

A la maison, elle joue la comédie de la vierge effarouchée, dehors elle s’abime dans la luxure.

Son époux s’étonne souvent de son humeur maussade mais il arrondit les angles.

Certains soirs, son souffle chaud enveloppe son dos, pourquoi s’éloigne-t-elle de lui ?

Au fond, elle ne l’aime plus mais il est bien commode d’avoir une existence classique.

La femme modèle au foyer, la putain dehors.

La chambre d’’hôtel est lugubre, il lui dévore les lèvres sans passion.

Cette ombre ne s’embarrasse pas mots tendres, elle est la femme objet dévouée à ses pulsions.

Un ange passe, elle paraît sortir de son corps et admirer ce spectacle monstrueux, où l’amour est absent, elle a tellement honte.

Il se blottit contre elle, comme un môme apeuré.

La dame aux yeux de Jade, le réconforte, lui raconte de beaux récits, d’archanges qui le protègent.

Les draps dessinent d’étranges dessins, témoins d’étreintes passionnelles, la belle âme ne cesse de lui dire qu’elle l’aime, il reste là incrédule.

L’homme-enfant n’est pas habitué à tant de passion, il est un peu perdu mais tellement heureux.

L’inconnu ronfle non loin d’elle, on dirait un porc, le cœur au bord des lèvres, elle se précipite vers la douche, l’alcôve est baigné d’un grand froid.

« C’est fini ! » songe-t-elle, « je vais devenir une épouse modèle ».

« Terminées ces histoires d’un jour, ces rencontres futiles »

La tête basse, elle descend l’escalier et se sauve comme une voleuse en sanglotant.

Il glisse son doigt sur cette peau soyeuse puis la couvre de baisers, il va devoir partir, il est accablé.

La poupée de Crystal, à la fois si fragile et si forte, comme il l’admire.

A regret, il lui dit « au revoir ».

La nuit est tombée, sans étoile, mille gouttes de pluie viennent mourir sur l’asphalte

La maison est paisible, sa compagne le gratifie d’un sourire enjôleur.

Trop tard !

Une caresse sur sa joue, elle lui déroule la comédie de l’envoutement.

Il ne pense qu’à sa sirène, esseulée.

Point de cris, de vaines agitations, de hurlements, Madame s’est vêtue d’habits de séduction.

Intérieurement, il persifle cette hypocrisie et savoure l’instant où il lui murmurera « Adieu ! »

Texte Protégé Copyright © 2016 Ricardo SANTIAGO

Entre deux maux

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