Comment grimper en haut de cette forteresse ?
La dame croisée dans la brume s’était emparée mon cœur.
Voleuse d’amour, elle m'avait jeté un sort, faisant de mon existence d'argile, un calvaire sans fin.
Anéanti, me relevant péniblement, j’avais pris mon courage à deux mains pour récupérer l'instrument qui battait en moi, métronome fascinant et soigner mon âme torturée.
Le bâtiment massif jetait une ombre inquiétante sur le paysage de papier.
Monstre puissant, indestructible et indomptable qui campait sur des fondations centenaires.
Face à ce défi qui s'imposait de manière diffuse, je devais quitter mes habits d'enfance pour ceux d'un homme.
La torture que m'imposait cette créature divine et inaccessible était insupportable.
Je serrai les poings, si fortement, que mes ongles me meurtrirent.
Un cerbère montait la garde, cependant il ne stoppa guère ma hargne d'en découdre afin de le terrasser.
Après un âpre combat, vaincu, l'animal à terre se lamenta.
J'eus presque pitié de lui !
La porte massive qui me faisait face, s'ouvrit dans une sinistre plainte.
Animé par ma haine, j'avançais déterminé.
Cette sensation de détestation était un moteur qui m'apportait une énergie décuplée.
L'escalier de pierre grimpait jusqu'au cieux, eut-on dit, il ne m’impressionnait guère, me conduisant vers l'alcôve de mon ennemie.
Elle se tenait devant une fenêtre, hautaine, le soleil l’illuminait telle une image biblique, un ange tumultueux.
Son regard se posa sur moi, ses yeux de jade brillaient comme les flammes de l'enfer.
Cette succube ne paraissait nullement impressionnée pas ma présence, presque incongrue.
J’approchais, un peu poltron, glaive tendu, pour l’occire afin que mon cauchemar cesse enfin.
Cette sorcière avait des atouts qui ne pouvaient laisser indifférents.
Son visage avait été dessiné par un Maître Vénitien, sa silhouette gracile était enserrée dans une robe brodée de motifs chatoyants.
Ses doigts fins m'appelaient gracieusement.
A quelques pas d'elle, mon arme chut dans un bruit de métal sur un sol dur et froid.
Elle m'agrippa sans violence, approchant ses pétales de rose de mes lèvres.
Sa langue indomptable me rendait dément, son souffle m'enveloppait, protection réconfortante et invisible qui m'éloignait de cet univers.
Sa peau de satin était une invitation à des ébats volcaniques.
Je vous aime !
A sa source, je m'invitais à goûter son miel, puis, à visiter la moindre parcelle de son corps de déesse.
Soudain ! Elle devint volutes légères et insaisissables.
Médusé, désorienté, je tentais de saisir ces nuages qui me fuyaient.
Des coups brefs ! Personne ne répond !
Il est urgent d’ouvrir la serrure.
Une odeur fétide, indispose dès qu'on parvient à pénétrer dans l'appartement.
L'homme gît sur le sol, dans une mare écarlate.
Il paraît heureux, épanoui comme jamais...
Au dessus de lui, flotte une silhouette que nul n'aperçoit.
Son âme happée brutalement, rejoint celle qu'il a toujours aimée, partie quelques jours plus tôt, suite à une banale dispute.
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Copyright © Décembre 2017
Ricardo SANTIAGO
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