LES CHRONIQUES DE RICARDO 261

Bannissons les références, in fine, que nul ne comprend (point).

Nous (moi et mon collègue), comme chaque jour, cherchons un endroit où nous poser.

Nous présentons un très joli carton à tous ceux qui passent dans notre couloir.

« Pas d’argent, femme malade, 5 enfants, donne salle pour nous installer et travailler ».

Trémolos dans la voix, bien coiffés, in fine, pour tout dire magnifiques.

Je sens qu’il tremble, trépigne, laisse les gondoles à Venise et le printemps sur la Tamise.

Nous trouvons un endroit, Il pose son séant, ouvre, in fine, son cahier d’écolier, se saisit d’un stylo tel Zorro de son épée, en plus modeste cependant.

Les secondes passent, dans les bureaux, des employés sages pianotent sur leur clavier en tapant des pieds. Ils essaient de faire genre percussions, mais ils ne font que du bruit. C'est dommage, l'intention était bonne.

Quant à mon frère d’arme, il plonge dans ses notes, fait des ronds, surligne frénétiquement, parfois, il ose l’ovale. L'an prochain il envisage le carré.

Un artiste !

J’admire !

Je le jalouse un peu.

Cette rage des traits, il la domine avec prestance, ces ronds qu’il multiplie comme Jésus les petits pains, c’est du grand art. 

Je m’extrais de cette fascination et pars aux toilettes après des heures à l'epier tel un grand fauve aux aguets. 

Aux toilettes, je m’hydrate la peau, les coussinets sous mes doigts font pénétrer une crème miracle.

Maintenant, j’ai le visage d’un gars de vingt-cinq ans et quelques jouvencelles me déshabillent du regard.

Si seulement je pouvais surligner comme mon collaborateur, je deviendrais le maître du monde.

Dans mon petit coin, alors que cette machine, in fine, à entourer continue de me complexer, je m’entraîne.

Les paroles de Maître Yoda résonne dans mon esprit « Faire des traits et des ronds tu réussiras car la farce est avec toi « 

La journée touche à sa « faim », mes pages sont griffonnées de milliers de traits et de ronds, les mots sont emprisonnés, je suis fier de mon travail.

In fine, mon idole s’en va avec sa jolie mèche, ne s’imaginant pas que bientôt il sera détrôné et que Ricardo sera le nouveau Seigneur des traits, des ovales et des ronds.

Bien fait !!! Il m'énerve avec ses stabilos à la noix.

Ricardo Santiago le 19 septembre 2019