LES CHRONIQUES DE RICARDO 266

LES CHRONIQUES DE RICARDO 266

J’habite seul avec maman dans un très grand appartement et j’accumule les chansons à vomir.

De toute façon, je suis un générateur de médiocrité parce que me ça plaît.

Je mange à tous les râteliers.

Les textes d’amour granuleux, les thèmes les plus sommaires, la littérature de bazar, tout ça et le reste, je prends tout, même si ça me file la courante. 

Les ragots les plus abjects me mettent en transe.

Les séries télé mal ficelées me comblent d’allégresse.

Les émissions stupides avec présentateur condescendant me transportent.

Au cinéma, je me jette sur le moindre navet.

Les réalisateurs qui filment avec leurs pieds, je m’en régale.

Les politiques véreux, je les vénère et leur baise les pieds.

Qu’il est bon de se faire entuber par des économistes radins qui nous conduisent aux joies de la misère !

Les matchs de foot idiots où ils se cisaillent et hurlent, j’applaudis.

Les bagarres entre supporters me font rire aux éclats.

Les religieux qui nous assomment de leurs discours abscons me bercent de bonheur.

Je balance des boules puantes sur tous les mécréants.

Le ringard, le mal luné, le mal poli, le mal odorant, le côté obscur de la fesse, la moisissure, la poussière, l’odeur des toilettes dans le petit matin blême, toute la laideur du monde me fascine.

Voyez à quel point je peux me montrer romantique et positif.

Qui, à part moi, pourrait encenser à ce point la disgrâce du quotidien ?

Tiens, haïssons-nous mes amis .

Poubelle-la-vie, quelle vision prophétique !

Ricardo Santiago le 25 septembre 2019