Jeudi, quelle belle journée à glander, compter les acariens, une loupe à la main !
Mes collègues ont disparu.
Section de recherche est à la manœuvre pour les retrouver.
La porte de mon bureau de transhumance s’ouvre, c’est mon collaborateur.
Beau, bien rasé, éduqué, nous échangeons quelques banalités puis il disparait.
Je continue ma quête sur la moquette, ça occupe.
Finalement, je me lasse.
Un tour sur FB, défilent divers commentaires, photos, textes d’amis pour la plupart virtuels.
Je tente quelques gesticulations devant mon ordinateur mais nul ne me répond.
Désespérant.
Et les enfants ?
Papy m’avait dit : « Fais des gamins pour sauver notre nom. »
Pour faire plaisir, comme toujours, je me suis mis à la tâche, d’abord avec une grande seringue timide qui, du jour au lendemain, s’est prise pour la Reine de Saba.
Malgré tout, entre temps, nous avions conçu le divin enfant, sonnez haubois, résonnez musettes.
Sur son trône, elle m’oublia, mais en bon père, je m’occupais de ma progéniture de temps à autre.
Papy faisait de la résistance, toujours à me souffler à l’oreille que je ne devais pas m’arrêter là.
Bien ! Bien ! Allons-y.
Ma voisine de palier était sexy et vierge, lumière céleste et tout le bazar.
Quelques efforts pour la séduire, le charme latin opérant rapidement, elle succomba.
Normal.
Pépé est content, deux mômes de plus, le choix du roi, garçon, fille, bingo et nuits blanches.
Aujourd’hui, ils sont grands et absents, silencieux, muets comme Bernardo.
Du moins les gars, les filles sont plus attentives à leur papa.
Mais, aujourd’hui, c’est le grand vide, intersidéral, fort heureusement Madame O est prévenante.
J’adore sa manière de conduire, elle sait créer de l’émotion et du suspens.
Hier, nous allâmes à M. pour une réunion pastorale.
C’était chouette, on se tenait tous la main en chantant des cantiques.
Madame O a la voix de Gloria Lasso avec quelques intonations de Céline Dion quand elle se coince le pied dans une porte.
Le curé apprécie beaucoup, moins les autres paroissiens qui sont jaloux, envieux et pécheurs.
Nous apprîmes des tas de choses sur Dieu, pourquoi Jésus crie, pourquoi la Vierge marie les uns et les autres...
Je remarquai surtout à l’instant à quel point je peux être sinistre et joyeux à la fois.
J’aurais aimé avoir un père comme moi…
A la fois drôle et touchant.
En attendant je vais raser les murs, je déteste les murs poilus…
Faut bien que je serve à quelque chose.
A demain !
Ricardo Santiago le 04 octobre 2019
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