LES CHRONIQUES DE RICARDO 277

Vendredi 04 octobre 2019

J’enfile un café puis deux cafés, discution entre collègues devant le totem à caféine. 

Que dire ?

Mes collègues déblatèrent sur le travail, les gousses d’ail, la pagaille, la volaille, Nathalie Baye (bye ! Bye !). 

Que leur dire ?

Si je leur racontais des conneries sur Excel, les tableaux, les macros (qui ne sont pas des proxénètes), les tableurs, l’insertion, les mises en page, le publipostage, l’affichage ?

Mais mon esprit est en désordre et les subtilités informatiques... un vendredi ça risque d’énerver.

Ils embrayent sur le week-end, les marmots, les courses chez Auchan, Plus belle la vie, Le meilleur pâtissier, Kolanta en Birmanie, Jacques Chirac, les gilets jeunes, les retraites….

Bref, ils ne me semblent pas très débordés alors que je croule sous le poids des tâches qui me sont demandées dans l’urgence.

Et ils m’agacent avec leurs banalités, est-ce que j’en fais des enfants, moi ? Et des courses chez Auchan ?

Pour les gamins, la demande est forte, toutes mes groupies veulent un double de moi en couche-culotte.

Mais je ne cède pas, l’avenir ne me paraissant pas tellement prometteur pour les générations futures, d’ailleurs le temps m’est compté, je planche sur ma biographie.

Ma vie est trépidante, il faut que cela se sache..

Les courses, par exemple, eh bien, j’ose Leader Price, carrément.

Sans filet, direct, je croise des femmes en surpoids, des types au crâne rasé, des morveux qui se mouchent sur leurs manches, la jungle quoi…

A la maison, je passe l’éponge, voire pis encore j’enlève les poussières avec un chiffon.

Vous ne vous attendiez pas à cela ?

C'est vrai, je joue avec ma vie et ce n’est pas fini !

Parfois, là c’est du lourd, je me coupe les ongles des pieds et, pris d'une audace folle, je risque mes jours en me rasant deux fois par semaine.

Sans la moindre appréhension, il m’arrive de tondre la pelouse, de sortir les poubelles, une existence passionnante…..

Je promène mon chien qui mord le cul des paysans du coin.

Ca créée de l’émotion quand il s’enfuit avec ses bouts de viande.

Ces heures dans le train de la ligne P, ces heures dans le métro, vous ne pouvez pas imaginer si vous ne l’avez pas vécu.

Les longues promenades entre les tours de la Courneuve, dans les déchèteries où les ordures s’entassent.

Mon travail, mes collègues qui dégainent des "bonjours" tous les mètres, l’ordinateur qui me salue dès que je l’ouvre et les bavards devant la machine à café.

Je ne vous raconte pas tout pour créer du suspens.

Quant à ma biographie, vous la trouverez aux alentours de 20 euros chez Auchan dans quelques mois.

N'hésitez pas. Ce sera saignant.

Ricardo Santiago le 05 octobre 2019

59 Personnes touchées

5 Interactions