LES CHRONIQUES DE RICARDO 283

J’ai déposé mon cerveau sur mon bureau pour réaliser une jolie rime en eau.

Extase linguistique matinale, orgasme cérébral, prendre la prose.

Je m’applaudis, m’encourage, me félicite,  jette des confettis dans mon bureau déserté.

Mes collègues sont quelque part dans une autre dimension.

Peut-être même n’existent-ils pas.

Tout comme ce fauteuil, cet ordinateur, ces pas dans le couloir.

Qui sait ? 

Pour ne pas désespérer, je me lance  dans d’interminables monologues.

Pas de bol, ça ne fait  que m’angoisser.

Je téléphone à  Madame O qui fut l’héroïne d’histoire d’Ô. Mon repère et mon repaire.

Sans doute arrivera-t-elle à me soustraire à ce cauchemar lancinant.

Au bout du fil, elle me rassure, nous ne dormons  pas.

Dehors, le périphérique vomit des centaines de véhicules et quelques fourmis se baladent.

Vais-je   poursuivre mes tâches, solitaire ?

 Après tout ce n’est pas plus mal.

Les gens ! Les gens !  Pffffff !!!!

Ils vous font la tête, déblatèrent, minaudent, vous piétinent, surtout dans la sphère professionnelle.

Alors, je profite du calme, le ciel est bleu parcouru de nuages en forme de mouton, même pas besoin de les dessiner.

Je respire un bon coup, me pince, bien en vie, isolé mais pas seul, je conserve un peu d’espoir en moi.

L’espoir fait vivre, dit-on.

Ricardo Santiago le 12 octobre 2019