LES CHRONIQUES DE RICARDO 321

LES CHRONIQUES DE RICARDO 321

Dimanche 24 novembre, je fais ma grève du 05 décembre, arrêt total du travail.

Arrêt Total à la pompe.

Voilà ! Piquet de grève en plein milieu de mon lotissement avec ma banderole FO (Farce ouvrière).

Mes revendications ? Je n'en ai pas la moindre.

Obligé d'en inventer.

Droit de manger de la soupe aux croûtons.

C'est pas mal. 

Je défile seul dans un village presque endormi.

Quelques vieux croûtons m'encouragent.

Les autres, soupe au lait, me dédaignent.

Les corbeaux ricanent, les chiens lèvent la patte sur le rythme de "Tiens, voilà du boudin".

Je me fourvoie dans la forêt sans trop savoir comment.

J'écrase les feuilles mortes qui se ramassent elles mêmes à la pelle et les brindilles qui souffrent sous mon poids.

On a toujours besoin de petits pois chez soi.

Dans cet univers peuplé d'arbres centenaires, nul soubresaut, point d'agitation ou de gens maussades.

Qui ne sont pas des personnes attachées au Mossad (d'habitude, la culture c'est comme la confiture, mais pas pour moi. De toute façon, je fais comme je veux, c'est ma chronique).

Je m'assois sur un tronc d'arbre et palabre avec un sanglier, bientôt viennent nous rejoindre des biches, des cerfs et quelques volatiles.

Ils m'expliquent leurs angoisses, leur effroi devant les prédateurs qui veulent les tuer pour s'amuser tellement ils s'ennuient le dimanche entre bobonne et les gamins. 

Pourtant, jamais un seul lapin n'a tué de chasseur pour se venger.

Je me mets à leur place, compatis.

Pleurniche sur la corniche😩

Passe du coq à l'âne.

Pourquoi ne pas manifester pour cette cause ?

C'est à la mode les manifestations, casser, manifester puis de nouveau casser. Sauf que là, on ne casserait pas. Ce serait du sérieux.

Nous, nous serons pacifiques, mer rouge, mer adriatique et mère Denis.

Nous décidons d'un grand rassemblement sur les Champs Élysée avec toutes les bêtes sacrifiées, démembrées et toutes celles qui ne le sont pas.

Ma journée s'achève avec, en tête, ce généreux projet et l'interminable complainte des rimes en é.

J'ai la sensation de servir une grande cause.

Mes potes animaux sont finalement plus civilisés que les humains.

Ricardo Santiago le 26 novembre 2019

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