Intermède deux, ou trois, ou quatre

Intermède deux, ou trois, ou quatre

Nous devenons, petit à petit, invisibles, en tout cas, je le suis.

C’est avantageux, on peut faire ce que l’on veut, tout le monde s’en tambourine.

Les seuls qui ne le sont pas tout à fait, ce sont les morts du coronavirus, personne n'a leurs noms, ni leurs identités, ils sont à moitié invisibles, mais chacun sait qu’ils sont morts et numérotés.

Des comptables ont été embauchés dans la presse, ils sont balèzes en décompte, chaque jour devant leur ordinateur, la bave aux lèvres, ils attendent les prochains trépassés (âge et matricule).

Bingo ! 300 de plus ! Les numéros perdants sont…

Fort heureusement, le jeune capitaine du Titanic, mine de gamin trop gâté, entouré de ses potes à barbe, ou pas, essaie de nous sauver du naufrage.

En comité fermé ils prennent une décision, puis, le lendemain, une autre qui vient contredire la précédente, puis ils reviennent en arrière, en avant, avec pour résultat qu’on ne sait plus où va le navire... ou la galère.

Sur les réseaux sociaux, tout le monde se fout d’eux et ainsi continue la déconfiture du déconfinement.

Ne seraient-ils pas, si je puis me permettre, un rien incompétents ?

Pendant ce temps, la plupart des gens sont devenus paranos, ils se calfeutrent chez eux avec leurs masques et, pour se rassurer, regardent Top Chef, Groslanta et toutes les merdes que la télé nous inflige, entrelardées de news déprimantes qui rendent encore plus hystériques les paranos.

Quant à moi, je saute, fais des signes, sors de chez moi sous le regard affûté de la maréchaussée, finalement on m’aperçoit et les comptables des médias me font grise mine, car je ne suis pas sous respirateur et ne viens pas, pour le moment, gonfler leurs calculs morbides. J’en suis sincèrement désolé, cynique et moqueur.