Il pleut sur Santiago

Il pleut sur Santiago

Il pleut sur Santiago, il fait gris et pas beau et pour me soulager, je m’empiffre de gâteaux.

Mon collègue transparent me jalouse, car j’ai, malgré tout, perdu quelques kilos.

Les autres collègues me croisent et m’ignorent alors, je les croise et les ignore aussi.

Je regarde par la fenêtre le ciel grommelle et tonne parfois, c’est dans l’air du temps.

Pendant que je travaille, je tricote, aussi incroyable que cela puisse paraître, je peux tricoter et œuvrer.

Je tricote des chaussons pour des nourrissons tout ronds, tout mignons.

Mes futurs petits enfants se nommeront : Ricardo 1, Ricardo 2, Ricardo 3, mes gamins me l’ont dit, leurs mômes se prénommeront Ricardo, c’est très à la mode et, dans leurs esprits, c’est très clair, jamais s'ils ont un mâle, il n’aura d’autre prénom que le mien.

Ils me l’ont juré sur la tête de leurs mères respectives.

C’est bien, qu’ils continuent de jurer sur la tête de leurs mamans, c’est tout à fait charmant.

Par contre, jamais sur la tête de papa, ça non !

Mon chef a jeté un œil dans mon bureau, icelui a roulé sur la moquette puis, s’est perdu sous le bureau, il l’a cherché, je l’ai observé, l’a récupéré et l'a mis à sa place, mais à l’envers, il me fait peur.

Néanmoins, il s’ébaubit devant mon art consommé de tricoter des chaussons puis, il part, on dirait un cyclope.

Mon collègue repasse, il est vraiment beau, élancé, bien coiffé, je lui demande un autographe, il accélère le pas, il ne veut pas.

La journée est terminée, au rez-de-chaussée, mon chef est furieux, quelques andouilles ont pris son œil pour un ballon, ils jonglent se font des passes, tirent dans des buts imaginaires.

Je ne peux m’empêcher de rire, ce soir, j’aurai des choses à raconter à Odile et lui montrerai fièrement mes chaussons tricotés.

Ricardo Santiago, le 30 septembre 2020

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