Tu peux pisser dans le métro, personne ne te voit.
Tout d'abord parce que le métro est presque vide.
Ensuite, parce que les usagers sont sur leur portable.
Ils sont dans une espèce de bulle et l'environnement s'efface autour d'eux.
Bien...
Je marche sur les banquettes, saute, vocifère des chants grégoriens et pas un seul ne la ramène.
Ma copine roumaine (habituée de la ligne 4) rentre dans le wagon et vient me faire de l'ombre en traînant sa gamine, narrant d'une manière concise, mais misérable, ses problèmes d'argent.
Quelques truffes se lèvent à l'écoute de son discours pitoyable, puis se baissent derechef sur leur objet favori, leur téléphone.
Je lui tapote l'épaule, lui explique gentiment qu'elle parasite mon numéro et lui colle un pain sous les applaudissements de son rejeton.
Bien (bis), je la tire par les cheveux, la jette hors du wagon à la station Châtelet et file des galettes bretonnes à sa pauvre enfant.
Je repars égayer la foule de mon show, chansons légères de Léo Ferret (la fameuse "voix" ferrée).
Pour déprimer encore plus mes admirateurs, je me suis laissé pousser les cheveux sur les côtés en prenant soin de raser au milieu. Je ressemble à une huître.
C'est parti mon kiki (et pas mon Titi qui est un sale rat, voir texte précédent, merci).
" Avec ma tête de métèque, de juif errant, de pâtre grec et mes cheveux aux quatre vents".
Un petit con la ramène en disant que ce n'est pas Léo (et les bas) Ferret l'auteur de ce texte.
La machine à coller des jetons repart à la distribution et je laisse le bonhomme une station plus loin à ses rêveries.
Putain de délateur ! Un des passagers a alerté les gros bras de la RATP qui m'attendent à Montrouge (sang).
Je me bride les yeux, me teins vite fait les cheveux couleur charbon, deux, trois mouvements d'assouplissement et je deviens le Bruce Lee (son livre) de la banlieue proche.
Je m'extrais du métro, j'ai laissé mes ennemis sur le tapis et j'arrive chez "Joint de Culasse", la société pour laquelle je travaille, où je passe ma journée à les rouler, les joints.
L'ambiance est festive, baignant dans les vapeurs d'herbe, nous voyageons tous ensemble dans un monde meilleur, filles et garçons.
Un vieux gros pervers, ex-ministre de l'économie, vient nous rendre visite en reluquant mes copines enfumées.
C'est parti, j'étais en paix avec moi-même et les autres et je dois de nouveau faire le ménage...Teinture, assouplissement et arrachage de membres... actifs.
Une journée banale, mais tonique.
Je vous embrasse et masquez-vous le vil russe 19 rode encore...
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