Titi

Titi

Papa Titi compte ses sous, ses jours de congés, ses heures travaillées à la seconde près.

Titi, il est fort, balaise, il gratte tout, même les fonds de casserole. Il enlève un à un, les petits pois des boîtes pour bien les répartir entre sa femme et lui, pas d'enfant, ça coûte cher et ça sert à rien. Les bouts de pain, pour plus d'équité, sont mesurés au pied à coulisse au millimètre. La répartition de la place dans le lit, chacun a à sa disposition tant de centimètres et faut pas dépasser, ça le rend fou. Pour les toilettes, petite commission : une feuille et demie, pour la grande : trois feuilles, voire quatre en période de grande évacuation. Il n'achète que du soldé, des produits de piètre qualité, mais il ne veut pas dépasser son budget, 99 euros 99 la semaine.

Si la facture est plus élevée, il emmerde la caissière et ceux qui font la queue.

Il économise sa semence, un rapport sexuel tous les deux mois et son épouse n'a pas intérêt à ne pas respecter les dates, sinon c'est un quart de baffe, il est au quart près pour les torgnolles pour ne pas trop s'épuiser. Il recycle son urine et sa sueur dans des bouteilles plastique pour ne pas utiliser l'eau du robinet. Un rat... Un vrai rat... Qui se branche chez les autres pour leur piquer de l'électricité. Quant à ses vêtements et ceux de son épouse, il les récupère dans des poubelles. Il fait pouilleux, mais il a une jolie coupe de cheveux, il se les cisaille lui-même devant la glace. C'est pas terrible, mais ça fait des économies. Il va au travail à pied, 20 kilomètres et pas de titre de transport à acheter. Titi est vraiment le roi des rats crevés. Pour son enterrement, il songe à s'amputer les deux jambes afin que son cercueil soit plus petit et moins onéreux. Sa femme, il envisage sérieusement de lui couper tout les membres et la tête pour mettre le tronc dans une boîte en carton et l'enterrer dans le jardin. Il n'y a pas de petits profits et il adore la caisse d'épargne.

Ricardo Santiago le 16 oct 20