A peine ai-je mis mes chaussons et déposé les valises que j’ai sous les yeux, qu’un type vient chanter sous mes fenêtres. Rossignol de mes amours, comme il est beau ! On dirait un poisson d'argent.
Qui c’est ? Il a une bonne bouille, chemise bien repassée, voiture noire de croque-mort.
Il a une missive à me remettre, je sors de chez moi, pyjama à rayures fripé, c’est un huissier qui doit me déposer un pli, un pli de plus sur mon pyjama.
Long silence du lecteur qui, visiblement, ne comprend pas ma prose.
Je continue, c’est un courrier pour des affaires qui ne regardent pas FB, l'huissier est sympa, je le prends dans mes bras, on s’embrasse pudiquement sous les yeux courroucés d’Odile.
Mais on s’arrête là, c’était amical. Odile retrouve son regard d'une douceur andalouse et jalouse. Un oeil pour chaque douceur. C'est magnifique.
Après que l’enveloppe soit passée au broyeur, nous regardons la biographie romancée d’un ex-président et ses courses folles à motocyclette dans Paris avec des cascades extraordinaires, des nanas toujours à moitié nues, bref, on ne s’ennuie pas.
Lecteur dubitatif…
Le lendemain, je pense être, enfin, tranquille, qui entends-je chanter Ramona dans la rue ? Le fameux huissier.
Scène de liesse dans le lotissement devant cet artiste qui commence à me gonfler.
Le lendemain, même cinéma, je lui envoie mon chien, il fuit en continuant à beugler Ramona, enveloppe à la main.
Sur-lendemain, qui voilà ?
Aujourd’hui, je croule sous les enveloppes et chaque jour que Dieu fait, quoiqu’il ne soit pas prouvé que Dieu y soit pour grand' chose, l’huissier délégué par Maman 2 (le mystère est enfin révélé), chante du Tino Rossi et autres purges d’opérette. Je hais Francis Lopez et tous ses copains braillards.
Finalement, on n’y fait plus attention. Il est même parvenu à endormir Pitou qui ronronne comme un chat à ses pieds.
Les oiseaux, dehors, font la chorale, la comédie musicale risque de durer fort longtemps.
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