Pas un jour ne se passe sans que je savonne mes cheveux avec ce pain aux, disaient-elles, "aux propriétés brunissantes".
"Elles", c'est la coalition des mamans qui s’est mise en place, je les imaginais dans leur coin, fomentant ce complot, les mamans numérotées d'un à trois, ex-mamans, pour tout dire, jetées aujourd’hui dans leurs existences médiocres. Forcément, quand on ne voit plus l’archétype de l’homme parfait dont je ne citerai que la première consonne du prénom: R, que faire ? Que devenir ?
Bref, elles vinrent, mielleuses, avec leur savon pourri, pardon, leur savon miracle, un peu pour me dire que j’avais pris un coup de vieux et beaucoup pour me vanter les prodiges de leur machin vegetal qui coloriserait les cheveux gris en cheveux bruns.
Naïf, bêta, nœud-nœud, innocent et fort surpris de cette offrande, j’ai accepté. Deux secondes après, elles se foutaient sur la gueule, leur entende fut assez brève, mais le spectacle de ce combat me réjouit l'âme jusqu'en ses trefonds.
Bref, depuis, chaque jour, je me savonne le crâne comme un malade avec les résultats médiocres que vous pouvez imaginer.
Je vais, finalement, accepter les outrages du temps, du moment qu’Odile me trouve beau... Et elle me trouve beau !
On m’a informé récemment, que les mamans continuaient inlassablement à se jeter à la face des noms d’oiseaux et, dès qu’elles se croisent, à s’arracher les cheveux, pas loin du gris pour elles aussi. Bien fait ! Il y a une justice quand même !
Ricardo Santiago le 28 avril 2021
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