Jeudi 19 septembre, il pianote sur son clavier dans un grand bureau vide.
Nous sommes morts et nul ne parait nous regretter.
Ni même se souvenir de nous.
Avant, nous pensions présenter un certain un intérêt.
Au travail, nous étions reconnu, salué et souvent, lorsque nous avions le dos tourné, critiqué.
La gentillesse dans le monde professionnel est considérée comme une faiblesse.
Paraître trop sensible, avoir trop d’empathie vous fait passer pour un crétin.
Certains ricanent en parlant de vous parce que vous n’épousez pas leur manière d’être, vous ne rentrez pas dans leur case.
Mais on ne peut pas se changer.
La plupart de vos proches sont éloignés.
Les enfants vous négligent un peu plus chaque jour.
Les retrouvailles familiales scénarisées dans les séries télé avec trémolos et violons, c’est du pipeau.
Beaucoup de gens finissent dans une solitude absolue, captivés par les images médiocres de leur poste de télé.
Parfois, ils plongent dans des albums photos flétris, gorge nouée, dans un silence de cimetière.
Les souvenirs affluent, les gamins avec leurs petites bouilles si mignonnes.
Un époux, une épouse qui sourit du temps d’une gloire éphémère.
Le portable est muet, mis de côté, out ! Lui aussi.
Dehors, les arbres dansent avec le vent, le ciel a chassé les nuages, inspiration.
Tout finira par s’arranger.
Demain, le portable sonnera de nouveau, vous deviendrez visible.
On vous confiera une mission qui aura de l’importance.
Les autres auront besoin de vous.
Renaître. Visible aux yeux de tous.
La gloire pour quelques temps.
Avant de partir sur la pointe des pieds dans la plus grande indifférence... Ou pas.
Ricardo Santiago le 19 août 2021
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