Mardi matin dans le train.
J’avoue, pardon ! pardon ! avoir été un peu brusque pour obtenir une place dans le train.
J’ai tout d’abord tenté le coup du vieil handicapé avec une canne dérobée à une habitante du coin assez peu mobile. Je dois avouer que je préfère voler les faibles, c'est plus facile et on gagne un temps fou.
Donc, muni de ladite canne, je monte dans ce maudit train.
Les passagers faisaient mine de dormir, de lire, mais aucun pour laisser sa place au vieux-jeune que je suis.
Terrible individualisme !
Alors j’ai joué les irritables et balancé quelques coups de canne.
Enfin assis, j’ai mis mes pieds sur la victime que j’avais assommée.
Un corps inerte avant de durcir, c’est tout mou. Il faut jouer avec tant que c'est encore possible.
J’ai été agréablement surpris par la solidarité des voyageurs alors que j’usais de la force fébrile pour m’installer.
Maintenant je vais passer pour un vieux con.
Pas grave, je conserve mon objet contondant pour le métro.
Puis au boulot, horreur ! On m’a piqué ma chaise.
Dans le bureau d’à côté, ils me prennent pour un débile parce que je les soupçonne d’être les coupables.
On dirait un banc de thons.
Je me mets à travailler, orteils en éventail.
Après quelques heures de sommeil, il est déjà l’heure de partir.
Je n’oublie pas ma canne fétiche pour batailler tout à l’heure et je vais me dégoter une canne à pêche pour les thons du bureau. On va rire.
Ricardo Santiago, le 07 septembre 2021
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