Je glande devant la machine à café

Je glande devant la machine à café

Ayant ce jour une activité modeste, je glande devant la machine à café, je me dis que je pourrais discuter avec ceux qui viendraient s’abreuver, faire des connaissances, m’éclater, danser le Flamenco (là, je pouse un peu).Les premiers que je croise, tout en m’agrippant à mon gobelet sont deux managers.

D'ailleurs, ils n’ont que ce mot à la bouche, dès que quelqu’un apparaît, ils parlent plus forts en répétant inlassablement, en souriant bêtement, un rien condescendant : « Je suis managèèère, je suis managèèère ».

Je peux pas en placer une, j’aurais aimé qu’ils m’adressent la parole mais à leurs yeux je ne suis qu'un gueux.

C’est mal barré pour papoter devant la machine à café. Arrive Dodo la saumure, « chouette me dis-je, on va parler cul « , Dodo c’est un spécialiste de la question, moi pas, toujours prude, mais il me fait rire.

Manque de bol, il traîne un boulet, un collègue qui n’a pas l’air branché sur la question et de toute façon Dodo joue les divas et ne me voit pas pendant que les deux autres pérroquets continuent leurs couplet : « Je suis managèèère, je suis managèèère « . Je retourne piteusement dans mon bureau, c’est pas aujourd’hui que je vais tailler une bavette.

Je me fredonne (pour le coup) une chanson douce que me chantait ma maman en suçant mon pouce et je m’écrase comme une bouse sur la moquette en ronflant. Voilà.

Ricardo Santiago le 11 février 2022

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