Dimanche à la buvette

Dimanche à la buvette

Ce dimanche, match de foot, mes gros courent vite sur leurs petites pattes en rasant l’herbe avec leurs bides et leurs shorts trop grands.

Ils transpirent comme des petits cochons dodus et lorsque j’arrive enfin sur le terrain (remplaçant de luxe), gracile, sans un poil de graisse ça fait jazzer dans les tribunes quelques pépés édentés façon Muppet Show.

Le match se termine par une défaite, on est habitués et j’ose à peine de me dévêtir pour prendre ma douche de peur de les rendre derechef jaloux, in fine comme aurait dit mon pote Titi, un gars peu recommandable.

J’attends qu’ils partent pour me savonner, il faut laver Maria (quelques dévots comprendront), tout comme il faut laver Ricardo.

Comme une star de ciné je sors des vestiaires et aperçoit au bout du chemin mes coéquipiers ronds… Comme des queues de pelle… Déjà…

Je m’approche, hésitant et prends un verre d’eau minérale, deux et j’arrête las et là.

Nono, mon compagnon de foot, est complètement bourré mais, il faut bien lui reconnaître ça, il conduit mieux ivre mort, c’est son talent. Il le sait et tente de convaincre tout le monde d’aller faire un tour avec lui, mais les gens ont peur, pas moi, cependant, je suis bien obligé de rentrer à la maison et dois en passer par ses fourches caudines. Je ferme les yeux et tout va bien, il hurle à chaque virage, un vrai bonheur !

Arrivé à la maison, je baratine, dis que nous avons encore gagné, ça évite qu’on se foute de moi. Odile et Pitou rigolent, ils connaissant le truc. J’accuse de nouveau et sans véritable raison mon ancien ami Titi de cet échec (il est désormais responsable de tous mes malheurs, c'est commode).

Pendant ce temps, notre Nono fonce à cent kilomètres heure dans les villages du coin en percutant quelques passants qui tombent comme des quilles.

Il est décidément plus doué au bowling qu’au foot, notre Nono, quant à Titi, vous savez désormais ce qu’il faut en penser.

Ricardo Santiago le 23 mars 2022