La belle vie

La belle vie

C’était une époque de fou, le matin, levés aux aurores (aux horreurs), déjeuner pour toute la famille, mama, papa et les deux nains, vite ! Vite ! Direction la nourrice puis l’école, puis le train, puis le métro, puis le boulot, un planning qui vous tue en cinq ans.

En fin d’après-midi retour dans le village dans des transports en commun bondés et hop ! Hop !

Après avoir supporté les hypocrites au boulot, les objectifs à atteindre, pourra-t-on se reposer, enfin !

Non ! Non ! Vite ! Vite ! Récupérer les enfants, douche, repas du soir, agitation, série télé de merde et au dodo.

La nuit étend son manteau étoilé, dans la chambre nimbée d’ombres anxiogènes, il regarde le plafond, n’arrivant pas à dormir, son épouse lui tourne le dos.

Une nouvelle journée se profile.

Encore et encore.

La campagne, vous en rêvez ?

Venez ! Les maisons ne sont pas chères, à la SNCF ils vous prennent pour du bétail, trains annulés à la chaine et votre chef qui regarde mécontent sa montre quand vous arrivez en retard.

Vous tentez de faite bonne figure lorsque vous croisez vos collègues.

Pourtant, à la maison c’est parfois tendu, mais vous évitez les tirs de mortiers virtuels, les scuds qui fusent, ne pas élever la voix, les enfants pourraient être traumatisés. Chut !

Puis, le nid se vide, les objets prennent la poussière, le silence se fait pesant.

Les enfants sont partis, les parents aussi, sur le grillage à l’entrée de la demeure, un panneau « à vendre ».

Un couple s’approche, la maison de tous leurs espoirs se trouve devant eux.

Une existence radieuse s’annonce, des enfants, des parents heureux et épanouis, non loin des champs, une forêt, des oiseaux qui chantent aux premières lueurs du printemps, une voie ferrée qui leur sera bien utile pour rejoindre leur boulot.

La belle vie… Pour quelques temps…

Ricardo Santiago le 17 mars 2022