La complainte du néant

La complainte du néant

Yo ! J’attends un mail qui jamais n’arrive, alors je reste hypnotisé par mon écran, faisant mine d’être concentré sur une tâche imaginaire.

Je suis comme un poisson rouge, je dors les yeux ouverts, je mime l’employé modèle et débordé.

La stratégie du néant, peut-être un peu celle du fainéant.

Mon numéro de composition devrait me valoir la palme de l’indolence.

Que dis-je ! L’Oscar.

Les collègues me regardent jaloux, poussifs, malheureux et débordés imaginant mon aisance devant des tableaux Excel, des chiffres, des courbes, des documents qui s’accumulent, ma désinvolture provocatrice, prétentieuse.

Mais j’attends un mail, un message qui me fasse réellement bouger, tout comme sœur Anne je ne vois rien venir.

Finalement, prendre racine devant le grand rien n’est pas déplaisant.

Fin de journée, j’éteins mon ordinateur, aucun mail n’est venu me divertir, j’ai rêvé devant mon écran, devant ce grand blanc en brassant, en embrassant, du vent.

Ricardo Santiago le 17 juin 2022

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