A Nantes

À Nantes

À Nantes nous faillîmes être refoulés, nous étions (que dis-je ? Nous sommes) trop beaux.

Ici, nous devions être soit moches, soit à moitié beaux.

Donc, nous nous balafrâmes le visage, nous arrachâmes nos vêtements, nous salîmes nos cheveux au cambouis.

Ainsi enlaidis, nous pûmes enfin entrer à Nantes.

Attention ! Les Nantais sont splendides, mais ils n'acceptent pas la concurrence. Et là, il y avait deux personnes de poids, pas en kilos mais en physique.

Allez ! Dans la rue néanmoins nous étions devisagés, seule solution, se mettre des sacs sur la tête et là nous étions pris pour des dingues poursuivis par toutes les blouses blanches du coin.

Que faire !?!?

Nous fûmes obligés de ne sortir que le soir, pleins de cambouis, dégueulasses, invisibles.

Heureusement que nous ne restions pas longtemps et que le lendemain, hâtivement, nous reprîmes le train, cicatrisâmes nos plaies et rejoignîmes Paris où nos allules gracieuses passaient presque inaperçues.

Ricardo Santiago le 09 août 2022