Nono est mort

Nono est mort, il a claqué devant son écran plat, sa femme a joué les pleureuses, puis a fait le signe de croix invoquant le Seigneur, toujours aux abonnés absents, ses enfants ont tenté sans conviction de le ranimer, mais il était raide mort à cause de la finale de la coupe du monde.

Avec son cœur fragile il n’aurait pas dû regarder ce match, il n’a jamais arrêté un ballon quand il était goal, alors un arrêt cardiaque, comment eut-il pu ?

Nous creusâmes un trou dans son jardin, moi, je supervisais, je l’aimais bien mais sa famille a un meilleur coup de pelle que moi.

Nous eûmes droit au discours du curé du coin accompagné de sa bonne, ses camarades de foot ricanaient au lieu de sangloter, se souvenant de ses fabuleux non arrêts de ballon.

Les camarades du foot sont des cons et encore plus quand vous êtes mort.

Nous eûmes néanmoins la visite d’un chanteur anciennement bien connu (Ringo) qui eut la gentillesse de nous chanter : « Quel est ce grand corps beau mort ? » Ou grand corbeau, je ne sais pas trop.

Non va me manquer, nous avons demandé à des joueurs de l’équipe de France de foot si ils ne voulaient pas écrire un petit quelque chose pour lui, mais, assis sur leur montagne de billets, ils ruminaient leur défaite devant les argentins avant des fêtes de fin d’année (ça en fait des jeux de mots, ça m’épuise dès le matin).

Puis, un miracle, un doigt lumineux qui écarte les nuages, une lumière intense et notre Nono réapparaît miraculeusement, son épouse, qui était sur les genoux du facteur qui sonne toujours deux fois, fit ce qu’elle savait le mieux faire, verser des torrents de larmes de crocodile devant le préposé qui remontait son pantalon.

Apprenant la nouvelle, je fus très heureux et ses copains de foot fîrent la gueule en songeant aux futures taules.

Ricardo Santiago le 19 novembre 2022