Convention poil au menton.

C'était très confortable cette première convention, lundi, la semaine commence fort, diapositives, chiffres, statistiques, je suis bien dans mon fauteuil. Je me laisse bercer par les divers intervenants. Je rêve d'un monde meilleur. Des anges tournoient au dessus de ma tête. Je crois que j'ai dû rêver, je retombe sur terre, je vois des courbes qui montent et qui descendent. Je pense que quand la courbe pique du nez c'est pas bon et que l'on va se faire gourmander.

Après la première convention, des petits fours, les gens se bousculent devant le buffet, on se croirait dans un match de rugby, dès que tu crois atteindre enfin un petit four, dix personnes te tombent dessus. Désemparé et avec l'estomac vide, je chancelle vers la sortie et je vais chez Mac DO me farcir plusieurs menus.

Mardi, de nouveau un bien agréable fauteuil, je suis relax, diapositives, intervenants et d'autres sortant (rires). Je regarde le plafond et je fais le décompte des spots, plein de gens autour de moi, tous beaux, en convention, on est toujours très beaux. La convention s'achève, un repas de roi, un vin gouleyant, on est assis, on se bat pas, la vie est splendide. Je vous aime mes amis.

Mercredi, rien, pas de convention, la vie me paraît dénuée de sens, je pleure, je longe la seine, je veux en finir...Et puis non, au fond du sombre tunnel, une nouvelle convention, je sanglote de joie, j'aide une vieille femme à traverser la rue, elle est percutée par un gros camion, je ris quand elle vole dans le ciel. Je ne moque pas cruellement je suis heureux de cette nouvelle convention.

Jeudi, des femmes classes, des hommes classes, je me sens classe, je suis parmi plein de commerciaux, on se compare nos dents, qui aura les dents les plus blanches. On porte des chemises repassées et des pantalons à pince, nos chaussures sont cirées, elles brilles comme des étoiles.

Je suis en extase, une nouvelle convention, poil au menton.

Grande salle, pas de fauteuil mais des espèces de strapontins en bois qui te fracassent le séant. Ça commence mal! Des chiffres, en haut en bas, des %, des +, des – et des courbes merveilleuses. Mais on est mal installé. Mal au dos. Une heure, le facteur n'est pas passé, deux heures, il ne passera jamais.

La journée s'étire, les discours sont des œuvres d'art ciselés par des Dieux. Que c'est bon une convention !

Ricardo Santiago le 15 septembre 2011