Sanctifié, béatifié, tel un abbé Pierre sans barbe, el Présidente, se drape la mine fermée des gens prêts à s’immoler pour le bien d’autrui.
Lui qui tant de morgue a distribué comme des bonbons dans des maternelles, lui qui s’est noyé dans le luxe et l’insouciance est devenu un Christ qui marche si ce n’est sur l’eau, tout du moins dans les rues désemparées du pays sinistré.
Commandant du Titanic, il est allé avec son gros bateau rouillé s’empaler sur les premiers icebergs sur son passage.
La bouée autour de la taille, l’air un peu ahuri, il observe impuissant le navire s’enfoncer dans les eaux glacés de la récession.
Ses subordonnés fuient déjà sur des barques chancelantes et lui les pieds dans l’eau, les bras ballants assiste au chaos.
Maintenant que la fin approche, il veut se sacrifier, il harangue les foules qui se détournent, pathétique, il voit ses faux amis affûtés leurs armes et se railler de son incompétence.
Dans sa tête, les images défilent, le grand restaurant, les bourgeois ventripotents, l’argent, les courbettes, le bel avion, les beaux pays visités du haut de sa grandeur passée.
Son ventre cependant ne gargouille pas, il comptabilise les chômeurs et les SDF, tel l’avare il compte ses derniers deniers.
Il ne reste plus rien du navire, tel Attila, rien ne repousse là où il s’est fourvoyé et son ombre s’éloigne, il n’a en fait pas le souhait de jeter ses dernières forces dans la bataille, il retire ses habits d’infortune et remet son costume bien coupé.
L’abnégation ce n’est guère pour lui.
Ricardo SANTIAGO le 19 janvier 2011
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