Samedi.

Samedi, je joue avec une carotte à faire le tueur de vampires dans un magasin de produits régionaux, donc du brie, du poulet, du vin de pays, des dindes mortes mais quelques-unes vivantes qui serpentent les allées à la recherche de produits frais et de qualité.

Je repose la carotte, je sens les regards se poser sur moi, je vois des fraises, je ne les sucre pas encore, rassurez-vous.

La campagne s’étend au loin, des arbres déplumés, des champs, la  route et moi mes sacs plein de victuailles.

Je suis suivi par mes quinze enfants, comme une poule suivie par ces poussins. J’aime bien faire des enfants, ce n’est pas trop compliqué à dire vrai.

Maintenant, j’avoue que c’est un peu pénible, j’ai dû me procurer un bus pour pouvoir promener ces nains et ce n’est pas évident de le garer sur ma petits place de parking.

Dans le bus, ça s’agite, je souffle je suis épuisé….Ma femme, la pauvre…Elle ne ressemble plus à cette jouvencelle au teint de pêche, gracile…que les autres m’enviaient. Au bord du suicide, les yeux éraillés, le teint blême, les rondeurs généreuses, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Alors je la préserve, je me traine les gamins…Je m’approche d’une forêt, je n’en peux plus. Je demande aux marmots d’aller jouer un peu, bien au loin, dans les bois.

Puis alors que je ne les vois plus, perdus entre les arbres, je me sauve avec mes légumes, comme le petit poucet, ils se débrouilleront pour retrouver leur chemin.

Sur le bord de la route, une femme à la jupe courte fait du stop, je veux bien l’emmener, moi. Je m’arrête, elle me demande 40 € pour des prestations dont je ne saisis pas toutes les finalités.

Je la laisse là, je suis fidèle, je vais à l’église et j’ai vu tous les films sur les papes, là j’ai acheté le blu ray de Benoît 16, j’ai vu le 15 qui n’était pas terrible, le 14 un peu mieux, j’ai apprécié le 13 avec le sous pape, je ne me souviens guère du 12 et encore moins du 11. Des fois quand un film a dû succès ils tirent un peu sur la corde.

Dans mon rétro je vois mes gnomes courir après le bus, ils sont marrants, au moins ce soir ils seront épuisés et ils dormiront mieux, j’appuie sur l’accélérateur, ils courent encore plus vite, c’est amusant ce jeu.

Arrivé à la maison, une enveloppe sur la porte, c’est ma femme, elle a craqué, elle est partie avec le facteur qui sonne toujours deux fois…Les gnomes déboulent la langue pendante.

J’ai une idée, je les laisse à la maison, je retrouve la fille à 40 €, Elle est belle, de longues jambes, je l’embauche.

Une belle journée s’annonce, les enfants ont une nouvelle maman, garantie pièces et main d’œuvre et moi entre deux bière et quelques cacahouètes je me repose en regardant le PSG et sa clique de millionnaires.  

Je me dis qu’avec tous mes affreux jojos, je vais pouvoir monter une équipe de foot. Et je ne les paierai pas. Ils jouent dans le jardin, ma soubrette passe le plumeau, je vois…

Ricardo SANTIAGO le 16 février 13