Triple A

Tout le monde s’en moque mais ça fait bien longtemps que j’ai perdu mon triple A.

Avant j’étais aimé et vénéré, on édifiait des statues, on me représentait sur des peintures flamboyantes.

Ma photo était dans toute la presse, qu’elle soit people où autre.

On me voyait au bras des plus belles femmes, j’étais la flamme qui illuminait tant de médiocrité.

Quand je parlais, on m’écoutait religieusement même si je pouvais aligner les pires âneries.

J’étais un Dieu, je décollais du sol, j’avais le melon, comme c’était bon.

Je fréquentais les plus grands, pas en taille mais en notoriété.

J’ai même eu comme amis un politique qui chassait les femmes de ménage dans les grands hôtels, des chanteurs avariés, des stars déclinantes et mêmes quelques étoiles montantes (qui pouvaient tout aussi vite descendre).

Bref adulé, envié, je pouvais à peine sortir dans la rue, sans qu’une meute de jeunes filles me pourchassent extatiques.

Maintenant, je ne suis plus rien. Personne ne se retourne sur moi. Je pourrais danser tout nu sur un toit de voiture sans éveiller le moindre regard.

Alors, je m’admire seul devant mon miroir qui continue à me dire que je suis le plus beau.

 Ricardo SANTIAGO le 17 janvier 2011