Santorin…C’est haut, je grimpe juché sur un âne…ça serpente ! Je vois le bateau plus bas, bien plus bas. Non ça c’était il y a 20 ans, quand j’étais jeune et beau. Je suis resté beau mais bien moins jeune.
Aujourd’hui je ne veux pas reprendre cette bestiole. Par ailleurs il y a 20 ans j’avais pris un navire Costa dans lequel il y avait eu un incendie. Malheur !
Cette année, je roule en bus et c’est lui qui serpente. Le chauffeur est du coin, il a l’habitude. Je suis passé de l’asiatique à la Suédoise. Dans un paquebot il y a toutes les nationalités, que ce soit les membres d’équipage (voir épisode 1) où les clients. Les asiatiques je n’arrivais pas à les débrider et leurs pères ne pouvaient pas me « saké »…Oui c’est un jeu de mots (rires)…Désormais je vais faire comme dans les séries avec rires préenregistrés pour que les lecteurs comprennent bien, là où il faut rire (rires).
Or donc je lie amitié pendant que je lis un livre en grec (rires) pour frimer auquel je ne comprends rien mais auprès des Suédoises, j’ai un succès fou (pas rire).
Mais maintenant j’ai la nausée (ne pas lire en bus, en car en carambar), je vomis sur les Suédoises, oups ! (rires) et rapidement elles me font la tête en hurlant des trucs en suédois…Pffff…
Dômes bleus, maisons blanches, volets bleus, mer bleue, c’est grandiose la vue tout là-haut. Le bateau est petit. Je fais la moue à mes copine, je ne leur ferais jamais l’amour. On ne peut pas gagner à tous les coups (rires si vous voulez).
Saviez-vous que l’eau n’est pas potable à Santorin qui est l’une des multiples îles grecques (soupire d’admiration, je vous en prie mesdames).
Les habitants boivent de l’eau en bouteille, moi aussi à force de manger je prends de la bouteille, je rentre mon ventre. Si je veux séduire va falloir jouer serré.
Embarquement ! Le soir je picole au bar. Je suis triste, seul, les suédoises me bichent, les chinoises m’ignorent, ce n’est pas mon jour.
Je vais voir les étoiles, elles brillent rien que pour moi. La lune jette des poussières d’argent, c’est si romantique, je voudrais un peu d’amour. Maintenant. Et c’est alors qu’elle apparait. Je ne lui ai rien demandé. Pourtant, elle s’approche, elle me fusille d’un sourire à bout portant. Je vais mourir.
Elle m’adresse la parole, une voix merveilleuse. Elle me dit qu’elle s’ennuie ici, que tout est tapageur. Puis elle me parle de continents mystérieux, d’endroits où la paix luit comme la liberté. Elle plonge son regard dans le mien. Elle me décrypte, elle sait que mes sourires ne sont que des paravents pour cacher mes peines.
Je sens son souffle chaud qui me réconforte, j’oublie mes conquêtes d’un soir. Elle dépose un baiser sur ma joue puis se jette du pont.
Je regarde par la balustrade, un halo de lumière l’entoure, elle me dit adieu, me dit que je dois cesser de m’angoisser de profiter de chaque moment.
Je ne comprends pas. Elle disparait dans l’onde. Etait-ce une sirène ? Je me réveille brutalement. J’ai rêvé. L’alcool m’a assommé. Je suis mal. Vraiment.
Je vais sur le pont.
Et c’est alors qu’elle apparait. Je ne lui ai rien demandé. Pourtant, elle s’approche, elle me fusille d’un sourire à bout portant. Je vais mourir.
Suis-je rêve ? Je m’en moque, loin de la foule, du brouhaha, ici avec elles je suis bien. Demain une autre destination.
Le bateau continue….à surfer sur les vagues.
Ricardo SANTIAGO le 11 mai 2013
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