LES CHRONIQUES DE RICARDO 109

Dimanche 16 janvier (2010). Allez hop ! Extraction de mon lit dans mon spacieux pavillon au milieu de la vaste campagne, les oiseaux chantent gentiment, nous sommes en hiver mais on se croirait au printemps, bon !C'est sans doute un détail pour vous mais pour moi, ça veut dire beaucoup.
Première étape, petit déjeuner, poudre de chicorée-café, lait UHT, 3 sucres de canne, croissants au beurre, c'est dimanche, soyons fous.
Les amies de la veille, rencontrées en boîte de nuit (les boîtes de jour c'est pour les vieux, ça s'appelle des thés dansants), sortent de leur sommeil, progressivement, elles ont les cheveux défaits et le teint blême, j'en compte une dizaine, la moisson a été bonne...
Elles n'aiment pas la Ricoré, c'est pas avec elles que je vais me marier.... Ces demoiselles me font penser à une meute de sauterelles, elles sont partout. il y a la queue aux toilettes ! D'autres harpies (WC) se crêpent le chignon dans la salle de bain. Cris, hurlements, logorrhée, migraine assurée. je prends la mouche et je vire toutes ces filles surexcitées en leur affirmant qu'aujourd'hui ce sont les soldes.
Elles s'égaillent dans le village avec une célérité atterrante.
Enfin seul ! Le calme est revenu, balade sur Facebook, je croise une ou deux copines (oui j'aime pas les garçons), nous discutons de choses et d'autres, notamment de rien, puis je vais sous la douche où je lave mon corps beau (1m80, 75 kilos) avec du Axe....Non ! Pas du Axe, hier sur la piste de danse, ça a rendu les filles complètement dingues. Très franchement je suis épuisé (quoi ! j'ai le droit d'avoir des faiblesses)... Je m'installe sur la banquette en vachette retournée (comment fait-on pour retourner une vachette ?) et regarde la télévision, passant d'un programme à l'autre comme un beauf. Que vois-je ? Des émissions ineptes, des présentateurs crétins comme la Une (la lune ?), C'est l'heure de se sustenter, j'ai pas envie d'une cuisine trop sophistiquée, alors deux œufs au plat et des nouilles (je suis courageux parce que, en semaine, les nouilles j'en vois tous les jours)
le tout arrosé d'une eau minérale puisée dans les Alpes (c'est ce qui est marqué sur la bouteille), un yaourt aux fruits, un café... Et maintenant que faire ????? J'ai acheté toute la série de Louis la brocante en version originale française et en blu ray, je vous prie... Au bout de deux épisodes à brocarder, nausée, puis mon repas finit sa course dans les toilettes. Le coffret est prestement balancé aux ordures. Je prononce immédiatement un exorcisme pour qu'il ne reparaisse jamais à ma vue. D éprime.... Internet, promenade sur des sites de rencontres où les filles sont blondes, à forte poitrine, sémillantes...Mon numéro de carte bleue est demandé, si je veux discuter avec l'une d'elles et pis quoi encore !mon ordinateur est prestement éteint, pleurs, les perruches se fichent de moi... Je décide d'aller en forêt avec mon MP3 sur lequel sont stockés toutes les ringardises des années 80... Manque de bol, c'est l'époque de la chasse, alors que je me délecte de « Tenue de soirée » ce groupe mythique où deux jeunes has been, fringues flashy pastel, débitent une chanson d'une profonde vacuité, des traqueurs me piste, me prenant au mieux pour un superbe cerf au pire pour un gras sanglier... Je cours comme une antilope pourchassée par cette bande de dégénérés sans cerveau... Je sors enfin de la forêt, sauvé !!!! Remerciements au Seigneur, à l'Oréal parce que je le vaux bien, la vie est belle ! Dans mes oreilles un tube de Boney M, je danse tout nu sous la voûte azurée et rentre chez moi. La nuit déploie sa couverture de satin sombre, jet d'eau, savonnage, Monsieur Propre sent bon.
Dégustation d'une conserve de choux de Bruxelles et deux sardines à l'huile de tournesol. La télé est allumée, j'enfile mes pantoufles, et, comme le bovin regarde passer les trains, mes yeux suivent les images qui défilent.
Demain, c'est lundi, la fête à la petite souris et avec un peu de chance, nous croiserons le Petit prince qui viendra nous serrer la pince..
Mon existence est passionnante.

Ricardo Santiago, texte écrit le 16 décembre 2010.