LES CHRONIQUES DE RICARDO 182

Chaque année, le 26 juin à la pleine lune (ou pas) dans le sémillant village de Verneuil les Thons, nous sacrifions un ou deux sacs à vin.

Pour survivre en cet endroit paisible mais dangereux pour les gens trop beaux, nous devons nous adapter.

Et, nous grimer d'affreux masques afin de passer inaperçus.

Bref, aujourd'hui, c'est la fête, nos deux victimes grosses comme des oies ou des dindes de noël vont être immolées, rôties dans leur jus et dévorées au son de l'accordéon.

Artisanat régional et décors de nous mêmes, c'est dire l'état de délabrement de la vie culturelle.

Ivres du matin au soir de mauvais vins, les agneaux sacrificiels ne se doutent de rien.

Quel plaisir, ces moments de partage, ces tables mises bout à bout, cette excitation, cette effervescence fraternelle !

Tous ces laids concentrés, entiers, qui chantent, dansent et finissent par écarteler les victuailles complètement consentantes.

Ce soir, nous mangeons du cent pour cent humain, sans colorants et autres saletés aux noms étranges et anxiogènes.

C'est la fête au village, bonne humeur, rires, gloire et pas beauté (puisque tout le monde est hideux).

La règle exige que pour les beaux voire les normaux, le permis de construire soit refusé.

Repus, les babines dégoulinantes de graisse, nous nous en retournerons chez nous à quatre pattes selon la coutume, imbibés de la piquette du coin.

Tout au long de l'année, régime et sport prohibés.

C'est que pour tout vous dire, nous n'aimerions pas servir de plat principal le 26 juin 2020, ou tout autre 26 juin à venir et ça peut nous mener loin.

Rajoutons, également, qu'entre beaux, il nous arrive d'être mauvais comme des gales et de nous dénoncer😒

Tout cela est une autre histoire.

Nous y reviendrons, chers lecteurs, mais en attendant....

Évitez notre riante cité.

Qui sait où peut nous conduire un enthousiasme bien légitime pour l'oblation.

Ricardo Santiago, le 26 juin 2019.