LES CHRONIQUES DE RICARDO 200 (Le retour du retour de Violette Nozière)

La mort ne veut pas d’elle, ni les touches du clavier de mon ordinateur.

Jetée des enfers où elle bronzait paisiblement, le diable a estimé qu’elle lui faisait de l’ombre. Elle était selon ses termes "trop pire" que lui et ça le faisait pleurer.

Expulsion des entrailles de la terre, atterrissage sur les Champs Elysées.

Notre Nozière n’a pas franchement bonne mine, décomposée, la peau moisie, le sourire édenté, elle fait grave peur…

Ses ongles ont poussé d’une manière démesurée, elle bave une mousse abjecte et sa soif de tuer semble loin de s'éteindre, bien au contraire !

Ca tombe bigrement bien, nous sommes le 13 juillet, bals populaires, feux d’artifices et racailles hystériques sur la plus belle avenue du monde.

Dans la pénombre et la foule immense et compacte, nul ne la remarque.

Quelques petites frappes balancent des pétards... Leurs derniers.

Quelques secondes plus tard, ils gisent démantibulés dans les caniveaux.

Oh Happy Day ! La Nozière est de retour.

Elle massacre, massacre et dépeuple progressivement la grande artère (humour) puis disparait jusqu’au lendemain.

La journée suivante s’annonce plus enthousiasmante encore et toujours plus riche en macchabés.

Des centaines de supporters de foot inondent les rues de la capitale en hurlant leur joie, pas pour longtemps.

Notre Violette borgne (elle a perdu un œil) to be alive, traînant la patte comme un zombi, pourfend péniblement la vague humaine, l’un de ses bras tombe, elle n’y prête pas attention !

Son regard acéré brille comme une étoile dans la nuit verte dans laquelle, spectre encapuchonné comme un bénédictin, elle siffle simultanément sa haine et des verres de blanc (en plus ça rime, c'est beau).

Ca braille, ça hurle, tout ce bon monde est extrêmement excité.

Soudain, elle pousse des petits cris plaintifs, c’est mauvais signe.

Le jour se lève, une montagne de cadavres s'empile au beau milieu des Champs Elysées.

Les forces de l’ordre ont passé une soirée paisible.

Notre héroïne est chaleureusement félicitée pour ses actes de bravoure et son civisme par le Président fromage, décorée, un nom de rue lui est offert.

Et moi, je suis dans l’embarras d’écrire encore sur elle. Pourtant, que la montagne est beeeeelllleeeuuuuu !!!!!

Ricardo Santiago le 15 juillet 2019