LES CHRONIQUES DE RICARDO 208

37°2 ce matin, 40° cet après-midi, l’idéal pour bien bronzer mes frères.

Allongé sur trois chaises, le torse nu, je m’expose aux rayons du soleil.

J’ai l’énergie d’un panda, plus personne ne me lit, tous partis en vacances où morts pour la France.

Alors, je glande, j’astique les quelques mouches qui passent.

Puis, je ferme les yeux.

Sieste.

Mon génie est asséché, inutile de lutter, attendons.

J’imagine les hordes de gras du bide suivis par leur dévouée épouse, leur marmaille, après avoir englouti des saucisses, dévorant des barbes à papa le long des plages.

Boîtes de nuit, danse des canards, alcools, joints, juillet, août, la jeunesse s’éclate avant de se briser sur les récifs de la Désillusion (juste à côté des îles de la Tentation).

Les images festives jaunissent en même temps que les feuilles à l’automne.

Je somnole à moitié, je vais attaquer une cannette de Red Bull pour sortir de cette léthargie.

C’est que le travail me hèle, m’apostrophe, quelques petites tâches à accomplir pour que le pays soit encore plus fier de moi.

Médaille du Travail, du Mérite (agricole ou non), toute la quincaillerie avant le cimetière.

Je m’arrache de mon matelas de ferrailles, mets un bob sur ma tête, des lunettes de soleil et hop, direction le bureau.

Air conditionné, c’est agréable, je caresse le clavier, l’écran blanc me fascine, vais-je renaître de mes cendres ?

Je m’écrase sur le bureau, assommé par la paresse, l’indigence, le manque flagrant de motivation.

La journée coule lentement, je bois des litres d’eau en rêvassant.

J'évacue, transpire, fonds comme un glaçon.

Mou comme une gomme, spongieux, énergique comme un macaroni cuit improductif.

Je file à la maison, fais les valises, slip de main, de bain, short, t-shirt et train pour rejoindre mes copains adipeux.

On jouera aux boules, ça sera formidable.

Vive les congés d’été !


Ricardo Santiago le 26 juillet 2019