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LES RETROUVAILLES

par chroniquesterriennes.over-blog.com 17 Janvier 2016, 15:53

La nuit a jeté son habit de ténèbres sur la cité qui scintille des lumières de millions de vies qui grouillent.

Les loups sortent leurs crocs dans les ruelles malfamées et la peur jette son ombre sur l'asphalte.

Des prostitués nonchalantes attendent les clients désemparés, à la recherche d'un peu d'amour.

Quelques indigents dorment sous des porches, nul ne les voit, ni le jour, ni la nuit.

Des malheureux braillent leur haine, leur désespoir sur leur existence détruite, l'écho de leur décrépitude s'égare dans le néant.

Lui la rejoint évitant les démons qui n'attendent que sa chute pour l'écharper.

Longeant les murs, il se cache des barbares qui brandissent leurs dogmes.

Il n'écoute pas leur vocifération stérile qui s'élève, gronde, terrifie.

Cet homme songe à ces êtres qui le protègent de ses propres erreurs?

D'où vient leur mansuétude à son égard ?

Il chemine sans heurt, l'immeuble se dresse, tutoyant les cieux.

Ses doigts pianotent fébrilement le code qui y donne accès.

Au loin, la complainte de pleurs parvient à le toucher de plein fouet.

Saisi d'une mélancolie lancinante, son coeur est en miette.

Une lumière jetée sur le grand escalier le guide vers le sommet.

Il laisse dehors ses angoisses, ressentiments, errances..

Pas la moindre fatigue n'arrête sa course, le temps s'est figé.

Elle frappe à la porte, encore et encore !

Au dernier étage, des visages accueillants et elle, enfin !

Elle l'appelle, il ne répond pas, les enfants pleurent.

Le postier a apporté hier, une lettre de licenciement.

Son travail était sa vie, son équilibre mais aux yeux de ses employeurs, il ne représentaient rien.

Il avait aimé une femme qui lui faisait oublier sa vie de couple qui périclitait.

Mais un jour, elle avait disparu à jamais, dévorée comme tant d'autres par la maladie.

Il s'était accroché à son boulot, à ses enfants qui ne lui étaient pas d'une grande aide.

Trop petits pour appréhender ses souffrances.

Composant, faisant le clown, tout le monde pensait qu'il était heureux.

L'artiste a tiré sa révérence, personne n'a jamais ri de ses compositions désespérées.

Le rideau est fermé. A tout jamais.

Dans une ambiance glacial, son chef annonce la sinistre nouvelle.

Ses collègues gênés, qui sait peut-être, attristés, ont les yeux baissés.

Ceux qui le critiquaient, jouent la comédie de la tristesse.

Puis telles des fourmis, ils retournent à leurs taches ingrates.

Heureux, au fond, d'avoir conservé pour un temps encore leur emploi.

Bientôt , il l'auront totalement oublié.

Copyright © 2016 Ricardo SANTIAGO

LES RETROUVAILLES

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