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Les histoires de Ricardo 3

par chroniquesterriennes.over-blog.com 7 Juin 2020, 16:40

Les histoires de Ricardo 3

Paris dimanche,

Métro presque vide, si ce n’est quelques zéros masqués et des clodos.

J’étais parti de bonne humeur, mais le spectacle me déprime.

Un débile s’assoit en face de moi, il nous fait profiter de ses délires, de ses menaces.

Mon esprit Hulk, géant vert voudrait lui exprimer mon mécontentement par une ou deux caresses en pleine poire.

Je préfère m’éloigner, tranquille, calme, stoïque, relax, loin, loin avec mon masque noir très tendance à la rencontre d’autres masqués moins classes, il va sans dire.

Je suis fier de moi, j’ai résisté, ne suis pas tombé du côté obscur de la farce.

Paris by day, environnement : Les quais de Seine.

Protagonistes : Des bobos, craquants comme des bobos, heureux comme des bobos.

« Allo maman bobo comment tu m’as fait je suis trop booooo « 

Je les adore instinctivement, j’aimerais être comme eux, cool, pas banlieusard à me taper le train, le métro et des voisins avec des chiens qui aboient.

Nous (moi et moi) nous fondons dans la foule.

Je découpe le bas de mon pantalon, le bobo aime qu’on lui voit les poils des jambes, lunettes de soleil et Riri prend un air faussement décontracté.

Je vénère ces inaccessibles car, contrairement à nous, les bobos n’ont jamais de problèmes intestinaux.

Ricardo joue les pâles copies avec son short mal découpé fabriqué par des chinois avant qu’ils nous fabriquent un virus, pas sympa.

Les bobos, disais-je….

Des dieux, des idoles, des plus que nous qui vivons en marge dans des banlieues éloignées, nous les honteux sans le sous qui resteront à jamais marqués au fer rouge de notre nullité sociétale.

Après avoir parcouru le Paradis, je fouine dans quelques quartiers interlopes (ça fait deux ans que j’essaie de placer ce mot dans un de mes textes et là, paf ! Une occasion ! Vous parlez si j'en profite !).

Évidemment, je tombe de haut, drogués, prostitués, dit l’heure et autres paumés de nos sociétés.

Ça vocifère, titube (de l’année), ça coince, ça sent le rat crevé.

Les flics se baladent et, visiblement, se tapent de la révolution qui couve et des tensions à quelques mètres d’eux.

Une gamine blonde en piteux état reçoit une claque de son petit ami (en gros, un mètre soixante neuf) sous les regards de vache de ses copains qui voyagent, voyagent ailleurs.

Je m’empresse de fuir l’endroit, Paris a la gueule de bois à cause d’une minuscule chose qui abat sans sommation.

Pang ! Sur le carreau.

Pour me divertir, je me pose sur un banc et me branche sur ma chaine de télé préférée, BF aime t’es laid.

Je me pisse dessus, que des informations qui me font hurler de rire.

Bientôt, je suis encerclé par des types costauds en uniforme, des CRS, peut-être.

Je change de tête, joue les débiles, bave sur ma chemise Armani et ma Rolex (volées à des bobos de tout à l’heure).

Ouf ! Ils s’éloignent en se foutant de ma gueule, je retourne dans ma campagne, snife quelques engrais dans les champs, ce qui me soulage et efface les images sinistre d’un Paris qui s’éteint.

Ricardo Santiago le 27 Mai 2020

L’image contient peut-être : ciel, arbre, pont, plein air, eau et nature

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