Jeudi 11 novembre 2020

Jeudi 11 novembre 2020

Je chasse les dernières mouches, c’est une saine occupation, je ne traîne pas sur le net et je fais de l’exercice.

Occire ça demande des efforts physiques.

Il en reste encore quelques unes cet automne, qui viennent bourdonner.

Pour me donner la force de combattre, nous écoutons le CD du générique de l’inspecteur Morse, en boucle.

Madame Jeanne s’inquiète : « Crois-tu que les gens qui te liront vont appréhender toute la profondeur de tes aventures ? »

Je ne pense pas, la plupart ne saisissent pas toute l’intelligence de mes propos.

Alors, qu’importe ? Et chasser les mouches c’est, somme toute, banal.

Elle boude car elle ne supporte pas l’inspecteur Morse (qui sévit sur la banquise) et encore moins le générique de cette série.

Je lui explique calmement que, chaque automne, pour zigouiller ces insectes, c’est une tradition, une tapette et le CD du générique de Morse.

Soudain, que vois-je par la fenêtre ?

Mon pote âgé (Ricardo, cesse avec tes jeux de mots qui irritent les internautes jaloux, mais t’apportent l’admiration de quelques jouvencelles)…

Mon pote âgé qui vole sur le dos, les pieds devant, avec un sorte d’hélice, il me semble, au niveau du bas ventre.

Il atterrit avec assez peu de grâce et culbute sur les harpions.

Je comprends que… Comment dire... Sans brusquer ou mettre mal à l’aise les hypothétiques lecteurs ?

... Que son kiki lui servait d’hélice, un moteur à érection me dit-il en faisant des gestes amicaux avant d’être appréhendé par les gendarmes, cloué au sol, tabassé et ramassé à la petite cuillère.

C’est bien fait pour lui ! Odile était outrée par le spectacle et comprenait mieux pourquoi il m’avait demandé du piment de Cayenne.

Sans doute pour le démarrage , suppute-elle...

« Ricardo Ricardo, il ne vont rien comprendre je te jure ! "insiste Odile-Jeanne.

« Attends, lui réponds-je, que fais-je de mal, je tue des mouches, comment pouvais-je imaginer ce spectacle d’horreur ?

Mon copain sur le dos, dans les cieux avec pour hélice…bref…

Finalement, je n’ai fait de mal à personne, j’ai laissé les mouches se faire avaler par une araignée au plafond.

Comme nous ne supportons plus la télé , en mangeant des cacahouètes, nous assistâmes, émus, à ce spectacle de la nature.

L’année prochaine plus de générique de l’inspecteur Morse, plus d’occupations malsaines, rien qu’un retour aux essentiels, la vie dans ce qu’elle a de plus fascinant, des bestioles qui se gobent en silence.

Ricardo Santiago le 11 novembre 2020