Je rame à contre sens

Je rame à contre sens

Il pleut, je fais un

bisou

à Odile qui dans l’encadrement de la porte me voit m’éloigner faisant triste mine avec mon parapluie noir qui s’accommode fort bien avec un ciel désespérément gris.

Si je meurs un jour, j’aimerais que ce soit avec ce type de temps.

Que je vous précise, je suis un postier highlander, un jour où je posais une antenne râteau, je me suis pris la foudre, ce qui m’a rendu immortel.

En parlant de râteau, au cours de ma longue vie, je m’en suis pris pas mal.

Pour que je quitte ce monde, il faut qu’un autre highlander vienne frapper à ma porte, qu’on bataille à coups de sabre et là, un des deux meure.

Mais, je gagne à chaque fois.

Odile sait que dès qu’on frappe à la porte, c’est un autre highlander qui se présente, elle est habituée et le jardin est plein d’highlanders.

Quelle vie ! A la poste, ils savent que je suis né en 1900 et ils se demandent bien quand prendrais-je ma retraite, ils s’étonnent qu’à mon âge j’ai pu conserver un épiderme si doux, si élastique.

Je leur explique que je ne veux pas quitter La Poste, que je me sens plein de vie et d’énergie et que c’est grâce à une antenne râteau.

On me jauge quelque peu dubitatif, alors, je change de version, j’explique que ce sont les effets de ma crème hydratante, très efficace.

Je m’en tire ainsi…

Ce soir, nous mangeons des endives, si demain on me demande comment fais-je pour paraître si juvénile, je dirai, ce sont les effets bénéfiques des endives qui réalisent se miracle.

Où en étais-je ? Mon départ de la maison, la pluie, Odile…

Alors que je vais à la gare, un highlander se présente devant moi, c’est parti mais cette fois à coups de parapluie, je sors vainqueur et mon ennemi finit dans une bouche d’égout.

Mes pauvres, vous n’êtes pas prêts de ne plus m’entendre, bonne journée.

Ricardo Santiago le 21 juin 2023

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