Rendez-vous mercredi

Mardi , la tête dans la Ricoré à faire des bulles, la journée commence bien, l'automne s'est installé, cadavres de feuilles sur le pavé.

Telle la chauve souris, je pousse des petits cris pour ne pas me prendre un mur en pleine face, je suis à moitié endormi, fort heureusement j'ai mon Axe qui va me réveiller.

Après avoir nettoyé mon corps de rugby man digne d'un calendrier, je m'habille comme un cadre que je suis, chemise bien repassée, pantalon à pince et chaussures que j'ai passé ma soirée à lustrer comme un fou.

Train, 8H27, on se regarde tous en chien de fusil sur le quai, la bataille va être rude pour trouver une place où se poser, à peine les portes du train ouvertes, c'est la ruée, telle un troupeau de zébus en colère, on s'engouffre en jouant des coudes et en se décollant des mandales.

Je parviens à trouver une place après avoir bataillé et balancé le sac d'une rombière qui l'avait posé sur l'emplacement sur lequel je souhaitais m'asseoir. Je lis l'Express, le paysage défile, sombre mois d'octobre.

Arrivée gare de l'est, vague humaine qui s'engouffre dans le métro poussiéreux, on a quand même de belles vies.

Le travail me tend les bras, collègues souriants, je regarde si on m'a pas planté un ou deux couteaux dans le dos.

Réunion au sommet, je compte les mouches au plafond, elles sont en voie de disparition avec l'hiver qui au loin se profile sur la pointe de ses pieds gelés.

Appels téléphoniques, je sens la joie à chaque instant, je rêve de plages de galets, de filles bronzées qui se déhanchent au sons de musiques latines, je songe à des cocktails à la noix de coco, je fantasme de faire l'amour toute la journée.

Au lieu de cela j'avale des couleuvres, c'est pas bon les couleuvres, le temps passe, je prends un café, la tête dans les étoiles, on me fait redescendre de mon nuage, la journée s'écoule, les heures s'égrènent...

La nuit est tombée, je rentre chez moi...Je vais sur internet voir les amis de Facebook, je surfe, je rencontre de nouvelles copines, des filles qui dansent sur les plages de sable (oui ça change des galets), je prends des rendez-vous, j'efface les traces de cette journée et je vais me noyer dans des plaisirs que la morale réprouve.

Ensuite, je mets mes ailes dans le dos et je vais réconforter les âmes attristées..Enfin je me demande si là je rêvais pas.

Rendez-vous mercredi.

Ricardo SANTIAGO le 18 octobre 2011