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MA VIE 71

par chroniquesterriennes.over-blog.com 5 Juillet 2018, 18:40

MA VIE 71

Tous mes pores pleurent, d'éphémères gouttes salées.

Elles glissent sur mon front, mes joues, mon cou.

Le long de mon torse, de mon dos.

La chaleur m'a saisi dès la sortie du train.

Six heures de trajet, Paris-Nice.

Mon pavillon, laissé derrière moi, s'ennuie de mon absence.

Mon salon est un lieu de désolation où quelques araignées gourmandes tissent leurs toiles.

Nice est un lieu plus avenant.

La mer lèche le sable de son écume iodée.

L'immense tapis bleuté tutoie l'azur.

Serait-ce le Paradis ?

L'angoisse qui me saisit, l'appréhension qui me tenaille font voler en éclats l'esthétisme de l'endroit.

Inconsciemment, je n'ai plus le moindre doute.

C'est la fin...

L'accueil sera cinglant, à l'intérieur, mon âme se vrille , j'ai mal.

J'arrive...

Je grimpe les escaliers, inquiet.

Souffrances dans ma tête.

C'est l'ultime chance de sauver notre relation.

La Diva ouvre la porte, déjà, elle déploie son talent.

Son texte est délicieusement ciselé même si ses mots fusent comme des missiles.

Elle rouspète.

Visiblement, peu ravie de mon apparition.

Après Madame sans gêne, Monsieur gêne.

J'ignore sa mine renfrognée.

Joue la comédie de la légèreté.

La soirée se déroule dans un climat peu serein.

Les couverts tintent sur les assiettes.

Je n'ose pas dialoguer de crainte d'être censuré méchamment.

Je ne me sens ni aimé, ni désiré, ni accepté.

L'histrion se drape de néant.

La fatuité est une composition de grande subtilité, que je maîtrise trop bien.

Ses enfants me perdent dans la grande nuée des figurants.

Malaise.

Le soir, nous dormons dos à dos.

Cette situation me ramène dans mon alcôve partagée avec un ectoplasme réfrigérant.

Mon esprit est torturé par ce qu'il perçoit.

C'est terminé.

Le lendemain matin, je me cache sous les couvertures.

Le noir me va si bien.

Sous cette voûte protectrice, je suis le gamin qui craint les démons.

Vous savez....

Ces créatures du quotidien qui vous lacèrent au plus profond de votre être.

Puis....

J'épouse l'éclat du jour.

Mes chaussons traînent, dit-elle.

Ça l'agace.

Tout en moi, l'énerve.

Puis...

D'autres reproches.

D'autres piques.

La tension grimpe minute après minute.

Mes mouvements, mon comportement, tout l'indispose.

Brusquement, elle me demande de partir.

C'est l'après-midi...Déjà.

Maintenant ?

Vraiment ?

" Ne pourrais-je pas rester encore un soir ? "

Qui sait ?

Pourrait-on se réconcilier ?

Hurlements, cris et châtiments.

" Dehors ! "

Mes affaires sont prestement rangées dans la valise.

Satané cauchemar éveillé !

La situation ravive des souvenirs déplaisants.

Ma mère...

Nous partions en Espagne.

Le temps était aride, les rues vides, les immeubles en béton, dressés au garde-à-vous.

Nous étions à quelques kilomètres de Barcelone.

Je suivais des yeux une rivière boueuse qui serpentait vers des paysages secs.

L'accueil que nous recevions n'était pas des plus cordial.

La famille ne voulait pas de nous.

Retour à Nice.

Chut !

Ne pas déranger les voisins par d'inutiles violences verbales.

J'hésite, insiste, m'accroche à des espoirs ténus.

Résister.

Encore et encore...

Dérisoirement.

Pitoyablement.

Inutilement.

Direction la gare.

Achat d'un billet en catastrophe.

Long voyage, harcelé par les images délavées du passé.

Traumatisé par ce très court séjour où la grande Dame a dévoilé son vrai visage.

Mes fantasmagories se dégonflent comme des baudruches.

Mon coeur est en lambeaux.

Je ne reviendrai pas.

Mes arachnides adorées ne s'attendent pas à me revoir, si tôt, débarquer.

Elles seront, peut-être, agréablement surprises...

Texte Protégé Copyright © 201 8 Ricardo SANTIAGO

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