Quoi qu’il advienne, Dieu pardonne tout

Lundi, je mets ma toge, mes sandales (pour sandales t’as plus rien) et je vais couronne d’épines sur la tête porter la bonne parole et purifier les âmes. Je croise quelques gentilles roumaines qui ne trouvent pas de poches sur mon humble vêtement élimé. Je tente de leur expliquer que dérober le bien d’autrui ce n’est pas bien, elles paraissent sourdes à mes conseils. Sans doute ne comprennent-elles pas la langue de Molière ? Je les baptise pendant qu’elles s’acharnent à trouver des poches qui n’existent pas. Dans la rue, je croise un gros Monsieur qui suinte le pêcher. Il revient à n’en pas douter d’une virée de débauche. Derrière ses lunettes il me jette un regard étonné. Je lui dis que l’adultère est puni, qu’il ira avec tous les députés et sénateurs en enfer. Il essaie de me vendre son programme politique d’un air austère et coincé. La foudre s’abat sur lui, des hommes costauds déboulent devant un tas de centres. Je récupère des ouailles à gauche et à droite, une armée de gueux qui écoutent mes paroles, sans rien y comprendre, désolant. Je vois bien que je n’ai guère de succès. Je me positionne sur les réseaux sociaux mais je perds plus d’amis que j’en engrange. Nul n’écoute mes bons conseils et mes suppliques semblent bien vaines. Le ciel demeure sourd à mes prières. Je suis tellement déboussolé que j’ai joué deux euros au Super Loto. Manque de bol, je gagne la cagnotte. Que faire avec tout cet argent ? Je pose ma croix. Je m’achète des costumes Armani, un appartement dans le 8eme arrondissement de Paris. Aujourd’hui j’ai plein de monnaie, j’organise des soirées coquines, je mange du caviar, je fume, je bois. Quoi qu’il advienne, Dieu pardonne tout. Ricardo SANTIAGO le 20 janvier 2014.