L'endroit

Un chemin herbeux, large, le ciel m’écrase de nuages menaçants.

Le vent maltraite la végétation, fait onduler des champs de colza.

Que fais-je dans cette immensité ? A droite, une forêt dense, opaque et inquiétante.

A gauche, un village fantôme d'où la vie paraît s'être échappée.

Je suis l'unique personnage d'un décor effrayant.

Comment me suis-je retrouvé là ?

Je frissonne, de quoi ai-je peur ?

Le paysage se déforme, l'orage gronde.

Effrayé, je m’écarte, tombant brutalement sur un tas de terre.

Une voie ferrée qui serpente apparaît, fasciné je la suis à l'infini.

J’écarquille les yeux, un panache de fumée au loin s'envole vers les ténèbres.

Un bruit infernal déchire le silence, un monstre sort du néant, passe à quelques mètres de moi.

C’est une locomotive, tel un dragon crachant des flammes. .

Mon cœur bat la chamade, j’ai l'impression qu’il va exploser soudainement.

Le train disparait sous un rideau de pluie, subsiste son écho.

Je n’ose toucher ces rails scintillants de peur qu'ils m'échappent.

Au loin plus la moindre bourgade.

Un corbeau jette un cri strident, je me retourne, il s’envole, déployant ses ailes immenses.

Je suis perdu, saisi de mille angoisses.

La nature bruisse.

Parmi des arbres centenaires des regards luisent.

Je me lève, soudain, pris de panique.

L'environnement paraît être un mirage.

Une main glaciale se pose sur moi, une lumière m'éclabousse.

Cachant mes yeux, une silhouette se profile, c’est mon père qui m’a entendu crier.

Je suis dans ma chambre.

Il s’approche, me dit que j’ai dû faire un cauchemar, me console entre ses bras.

Ce n’était donc qu’un mauvais songe ?

Une douleur lancinante parcoure mes jambes, je défais mes draps pour les voir.

Mes pieds sont sales et écorchés comme si j’avais marché sans souliers sur un chemin cahoteux.

Je ne retrouve pas le sommeil.

J’ai peur.

Texte Protégé

Copyright © 2014
Ricardo SANTIAGO