Minuit, je m'envole

MINUIT, JE M'ENVOLE...

Je prépare mon envol, relève la tête.

Ô, Ciel étoilé...

Un! Deux!

Oserai-je m'élancer?
J'hésite. je lustre, quelques instants, ma si belle auréole. Elle brille maintenant, étincelle,
pareille à un sou neuf, un bijou, une étoile.

Je suis fin prêt, ainsi paré, digne d'accéder aux Cieux.

Pourquoi donc ce trottoir m'en empêcherait-il? Voyez comme il me retient, noir, poisseux, sinistre et froid.

C'est à cet instant précis qu'Elle se retourne, me jetant ce regard étrange et pénétrant...
Le temps d'un éclair, mes ailes se déploient!

Elle s'accroche à mon bras. Elle s'approche de ma joue, la frôle, y dépose ce baiser, presque chaud, un peu humide, si doux.

Je caresse ses cheveux soyeux... J'implore Dieu! Je suis un Ange, Seigneur, je n'ai pas le droit de désirer, uniquement celui, chastement, d'aimer, et, qui sait d'être, secrètement, aimé en retour.

Mais déjà, à mon corps défendant, mes mains s'émancipent, s'affolent, caressent ses courbes.

Happé par ses grands yeux, je plonge plus avant, explorant ses abysses, mystérieux, emplis d'étranges souffrances, de grandes douleurs, d'énormes sacrifices.

J'en suis si ému, touché, ébranlé, bouleversé.
Je replie mes ailes, pour Elle... Je lui souris, je la rassure. Lui confiant que, oui, je la comprends, et que, moi aussi, tout comme Elle, mystérieusement, je viens d'être submergé par cet océan d'Amour.

Dès lors, je l'allonge sur un tapis de mousse, les oiseaux curieux nous observent, tandis que je remonte sa jupe,..

Vais-je succomber au pêché?
Sinon, vous, dites-moi comment lui résister?

Je goûte à sa fleur, encore et encore. comme un bourdon, une abeille. Je me nourris de son parfum, m'enivre de son miel.

J'éprouve des sensations étranges, jusqu'ici inconnues. Un délicieux frisson parcoure mon échine, mon coeur bat la chamade; les oiseaux, d'eux-même, détournent leur attention.

Mais... On me réclame et on râle.
Non? Déjà Minuit!

C'est donc dans mon grand lit que j'irai, loin d'Elle, sans ailes, finir de dérouler le fil de ce songe que déjà, vous m'enviez, allez, osez l'avouer!

Je m'envole mon Trésor...
A tout à l'heure?
Oui!
Je te serre très fort.
Hélas, tu le sais, je vais, non sans regret, devoir te laisser.

Mon Ange, un mot encore...
Quoiqu'il advienne, surtout, n'oublie JAMAIS à quel point je t'Adore!

Texte Protégé
Copyright © 2014
Ricardo SANTIAGO