Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les 3 béliers

par chroniquesterriennes.over-blog.com 7 Octobre 2015, 06:54

« Tu te posteras devant la porte et je viendrai te chercher »

Djamel, Didier et moi, formions une bande de camarades soudée.

Djamel était Kabyle, son père à la mine austère tenait un café à Belleville.

En ce qui concerne Djamel, notre amitié était née assez étrangement, pour Dieu sait quelle vétille, nous nous étions battus dans la cour de récréation.

Puis, nous étions devenus potes,

Quant à Didier, notre accointance s’était construite naturellement.

J’aimais bien lui rendre visite, j’étais fasciné par ses origines juives tunisiennes, ses coutumes, cette chaleur toute naturelle qui se dégageait de sa famille, ces plats épicés, cet accent particulier.

J’avais cette intrigante manie d’appeler tous mes camarades par leur nom propre, ce qui ne cessait de les surprendre.

Etait-ce dû à la rude éducation de la pension, mystère ! Nonobstant mes deux compagnons ne s’en souciaient guère.

Une particularité nous liait, tous les trois étions du signe du bélier, ce qui ne nous empêchait pas d’avoir des caractères bien différents.

Djamel était mal dans sa peau, calme et pondéré, Didier hâbleur et charmeur, quant à moi, malgré mon agitation perpétuelle et mon apparente assurance, je trainais quelques complexes idiots.

Nous formions une sacrée bande de maladroits, époque de l’adolescence où nous échafaudions milles astuces pour draguer les filles avec des résultats toujours décevants.

Notre lieu de prédilection, c’était les Champs Elysées où déambulaient des filles aux jambes longues.

Nous allions au cinéma fréquemment et tous les samedis nous dansions au Rex Club, sur les grands boulevards.

Notre Copine Léo était présente, j’en étais secrètement amoureux mais, elle, avait une attirance pour Didier qui s’en doutait mais gérait la situation d’une manière pataude.

J’évitais de me déhancher sur la piste de danse au son des musiques disco, je me trouvais ridicule mais j’aimais bien les slows.

Parfois, mes deux amis venaient dans mon minuscule appartement, nous nous soutenions, faisions nos devoirs ensemble.

Avoir un bon copain c’est bien meilleure qu’une blonde, disait la chanson, c’était vrai au fond.

Nous passâmes tant d’heures à plaisanter, à rigoler, à se raconter nos rêves, nos illusions, nos déceptions…

Mais le temps est bien cruel et nos chemins finirent par se séparer.

Djamel eut une grave dépression, nous ne sûmes jamais pourquoi, nous le vîmes s’éteindre petit à petit.

Quant à Didier, notre complicité fut écornée par ce rendez-vous qu’il me donna un jour.

Une fête était organisée, il m’avait officieusement invité, je devais attendre devant une salle des fêtes qu’il vienne me récupérer.

« Tu te posteras devant la porte et je viendrai te chercher » m’avait-il dit…

Il ne vint jamais.

A partir de cet instant, rien ne fut comme avant. Notre amitié était cassée et malgré ses excuses, l’affront cinglant, ne fut pas pardonné.

Texte Protégé Copyright © 2015 Ricardo SANTIAGO

Les 3 béliers

commentaires

Haut de page