MICHEL II

Michel aime les décharges à ciel ouvert, les mines, les centrales électriques, les centrales nucléaires. Ce qui l’enchante ce sont les lieux interlopes, crades, pourris, rues poisseuses et autres endroits peu recommandables. Michel adore les fonds de poubelles. Les trous de cabinet, les cuvettes de toilettes font son bonheur. Ok ! Ok ! Michel est un peu dérangé… Nul ne connait sa part d’ombre au quotidien, son caddie chargé de pots de confiture à la cerise allégée. Invisible, anodin, indiscernable dans le paysage, pervers au possible, il passe partout. Il donne à manger aux vieilles, leur jetant des bouts de pain rassis (ou debout), presque un mec sympa. Le soir, nu dans son lit, il agresse sexuellement ses pots de confiture. Dès qu’il s’approche de ses sucreries, Michel devient fou comme le loup de Tex Avery, il hurle, tape des pieds et se jette excité sur ses friandises auxquelles, notre héros zélé fait l’amour passionnément. Cependant, maniaque, il couvre soigneusement son lit d’une bâche (et le prisonnier) pour ne pas le souiller. Michel déteste les voyous, voleurs, violeurs et toute cette engeance diabolique qui gangrène nos cités. Parfois, la nuit tombée, un justicier parcoure les rues… Un pot de verre géant, couleur rouge cerise (allégée). Dans les ruelles sombres, les « dis l’heure » tremblent, les petites frappes font dans leur slip kangourou. Marmelademan, cape au vent, protégé de son armure de verre, les pourchasse, les appréhende, les tabasse… Et la police les retrouve à l’aube, les bras en croix, couverts de confiture de cerise allégée (oui, je me répète, mais c’est pour bien préciser les obsessions de Michel). Michel est finalement un très brave type. A suivre..

Ricardo SANTIAGO, le 01 novembre 2018