LES CHRONIQUES DE RICARDO 248

Mon collègue a été enlevé…..In fine !

Ne reste plus que sa demi-bouteille d’eau, son casque audio et un stylo.

Un lourd silence plane dans le bureau où nous nous trouvions.

Le téléphone, l’ordinateur, les quatre murs pleurent son absence.

In fine, qu’est-il devenu ?

Sa belle chevelure si bien coiffée, son sourire carnassier, sa silhouette dégagée et féline.

Bref, me voilà invisible.

C’était le seul qui, ici, me voyait, parfois j’arrivais à lui arracher un sourire, j’avais la sensation d’exister.

Je traverse le couloir et je décoche au passage d’un employé un bonjour repris en écho à l’infini.

Peut-être suis-je dans un rêve où n’existent que des ectoplasmes ?

Un dernier survivant tournant désespérément dans ce labyrinthe pour rencontrer une personne en chair et en os.

Parfois, je vois d’anciens collègues qui regardent ailleurs pour ne pas me parler, ni même me saluer.

Mais, dans la vraie vie, ces situations ne sont pas réelles. 

Tout le monde prête attention à tout le monde.

Si je me jetais du dernier étage, qui sait si une main puissante et transparente ne viendrait pas me sauver.

Après tout, les fantômes furent des gens comme moi, ils vont bien finir par me remarquer.

Alors, je pianote sur mon ordinateur, des voix raisonnent, là-bas, au loin.

Certainement une illusion, je poursuis mes tâches, avec cette volonté de vivre malgré cet univers qui me méprise.

Ricardo Santiago le 05 septembre 2019