Une maille à l'envers, une maille à l'endroit

Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. J’adore tricoter. Ça passe le temps.  Les aiguilles à tricoter, ça peut servir. Pour se défendre. Si on t’agresse, un bon coup dans les yeux.

Je deviens méchant. C’est la société qui m’a rendu  ainsi Monsieur le juge. Alors je sillonne les rues sombres le soir, masqué avec mes aiguilles à tricoter et je chasse la racaille.

Je saute de toit en toit et de toi en toi, luttant contre la peste qui gangrène notre univers. Dealers (sept heures trente), proxénètes, petites frappes et j’use mes semelles sans espoir de  reconnaissance, héros tragique et désabusé.

Le soir les vêtements ensanglantés, je reviens dans mon studio, une douche et je pars travailler, je retombe dans l’anonymat avec mes grosses lunettes qui me font passer pour un débile.

Je suis le souffre-douleur de mes collègues, je passe pour un nul, c’est mieux, ainsi personne ne connaît mon identité.

J’ai une fiancé, très belle, mais on ne couche jamais ensemble, les supers zéros  ne font pas l’amour, d’ailleurs ils ne font rien comme les humains.

Un héros ne fréquent pas les toilettes, il ne transpire pas, c’est un des avantages de ce métier.

La nuit tombe,  la laine fraîche est en pelote, une maille à l’endroit, une maille à l’envers, cette nuit je vais m’attaquer aux pervers.

Ricardo SANTIAGO le 5 févr.-13