DIMANCHE AU BALCON, DIX MANCHES A BALAI

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Dimanche, figurez-vous qu’il a plu toute la foutue journée.

Bain de pieds en regardant la télé.

Le présentateur est assis sur un balai, dirait-on.

Il déblatère des mauvaises nouvelles.

Liste des produits alimentaires dont les prix vont augmenter.

Le peuple tremble.

Comment boucler les fins de mois ?

Gilets jaunes.

Moment des tantes, euh ? Détente.

Savez-vous ce que sont six hommes troncs qui roulent sur une pente ?

C’est six troncs pressés.

Vanne éculée, mais qui fera se pâmer les nostalgiques des blagues Carambar.

Bref…Avec toute cette purée d’informations, je comprends mieux que les gens s’enferment dans une bulle.

Ou s’emprisonnent avec leur portable.

Fuite dans le monde virtuel, ici, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Machin apparaît en photo avec ses dents blanches, Truc fait coucou, Bidule pleure son amour disparu.

Quant à Ricardo, il observe ses pieds dans la bassine.

Dehors, c’est février au balcon.

Campagne boueuse, rues vides, vent pire, eau ! Bas ! Eau ! Bas !

Malgré le chaos, certains n’ont pas peur de l’avenir.

Chaque week end , les couples font des pompes.

Résultat : un, deux, trois, voire quatre ou cinq enfants.

Optimistes ces gens bons..

Personnellement, je suis tranquille.

Pas de gamins qui pleurent, s’accrochent à ma veste, s’agitent, courent dans le salon.

J’ai fait voeu de chasteté.

Voilà ! C’est dit.

Ça vous en bouche un coin ?

Le présentateur est mort, empalé sur son balai.

C’est amusant de voir le manche sortir de sa bouche.

Lundi se profile.

Je vous embrasse.

Merci de bien vouloir faire la queue pour cela.

Ricardo Santiago le 10 juin 2019.